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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 11:34

Narbonne / Perpignan

DIMANCHE 7 Avril 2013

          ACTES 2, 42 – 47

         1 PIERRE 1, 3 – 5

           JEAN 20, 19 - 31

 

 

 

Introduction : «Les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu’ils avaient des juifs »… Ils ne savaient plus qu’attendre, ils ne savaient plus que faire, ils ne savaient plus qu’espérer. Et je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que, nous, chrétiens, aujourd'hui, pourrions, aussi, nous retirer dans un lieu bien fermé à cause de la crainte… ce n’est plus celle des juifs, mais notre XXIème siècle suscite bien des peurs, des interrogations, des doute et que de déceptions ! Nous pourrions, comme les disciples après la croix, baisser les bras, nous fondre dans la foule, silencieux, dans l’expectative de ce qui va encore bien pouvoir arriver, comme si l’espérance déposée dans nos cœurs avait été jetée dans les oubliettes de la tour où nous voudrions bien pouvoir nous barricader pour être protégés de tous les dangers qui nous menacent. Peut-on encore espérer ? 3 questions feront le plan de notre questionnement. Qu’est-ce que l’espérance et où en étaient les disciples après la croix ? La visite de Jésus a-t-elle fait renaître l’espérance ; et celle de Thomas ?  et pour finir, quelle place peut-on faire à l’espérance, dans notre vie aujourd'hui ?

 

1) définition et questions :

 

- définition de l’espérance : Je voudrais, tout d’abord, tenter une approche de définition de l’espérance avec Frère Roger, de Taizé. Il écrit, je le cite, « l’espérance vise l’avenir, et (…) elle s’enracine dans l’aujourd’hui de Dieu. La source de l’espérance est en Dieu qui ne peut qu’aimer et nous cherche inlassablement. (…) L’espérance est exprimée par la notion de promesse… La promesse est une réalité dynamique qui ouvre des possibilités nouvelles dans la vie humaine »[1].(fin de citation). Pour le dire autrement, « L’espérance ne concerne pas que le futur. Elle s’incarne dans notre expérience de vie quotidienne pour nous donner confiance en l’avenir. »[2] L’espérance interdit toute résignation.

 

 - alors quelle espérance pour les apôtres et les disciples après la croix ?  Où en sont-ils dans ce lieu fermé, illusoire protection ? Les apôtres sont tous juifs, les disciples aussi (même si durant son ministère, des samaritains, ou une femme syro-phénicienne, par exemple, ont vu en Jésus le messie annoncé, ou, pour le moins, plus loin que l’homme Jésus). Essayons, juste un temps, de nous mettre un peu à leur place. Ils ont été nourris depuis leur plus tendre enfance, de la  lecture et des commentaires de la Torah et aussi des prophètes. Le peuple juif attend son Messie, un messie qui rétablira toutes choses en un temps où tout Israël vivra à nouveau sur la terre promise, un temps utopique aussi, où l’humanité toute entière vivra dans la paix et n’adorera qu’un seul Dieu. Comment ces hommes, porteur de cet enseignement millénaire auquel est venu s’ajouter, à l’époque des Maccabées, l’attente d’une résurrection des justes et des méchants, comment ces hommes auraient-ils pu prendre toute la mesure des paroles de Jésus ? Les femmes juives, elles, n’avaient pas été marquées par l’enseignement rigide des lettrés de leur temps. Et pour cause ! Elles n’avaient pas eu accès à cet enseignement et n’en connaissaient que ce que leurs hommes voulaient bien leur dire. Et hommes et femmes étaient profondément marqués par les superstitions véhiculées jour après jour de bouche à oreille : esprits, fantômes, démons…  avec leur savoir, avec leurs préjugés, avec leurs traditions ancestrales, avec leurs peurs, tels qu’ils étaient, ils s’étaient barricadés dans cette chambre haute, ensemble, à attendre, attendre quoi ? Attendre qui ? L’espérance d’Israël, focalisée pour eux, en Jésus, semblait avoir été un leurre. Ils n’espéraient plus rien. D’ailleurs, ils sont là, enfermés, quasiment pétrifiés dans ce lieu. Ils ont baissé les bras, ils se sont enfuis, ils ont renié, ils ont peur… L’aujourd’hui de Dieu n’est que silence et mort.  Il  n’y a plus d’avenir. L’espérance s’est volatilisée.

 

2) Renaitra-t-elle dans la chambre haute ?

Jésus vient : Pourtant, il y a eu le tombeau vide, Pierre et le disciple que Jésus aimait l’ont constaté, Marie de Magdala à qui deux anges sont apparus croise un jardinier qu’elle finira par reconnaitre : « Rabbouni »,  lui dit-elle après qu’il ait prononcé son prénom ; mais il interdit qu’elle le touche. Jésus la charge d’un message pour les disciples : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu »[3]. Qu’est-ce que tout cela signifie ? Le tombeau vide… l’interdiction de le toucher…  ce message qui ne dit rien de ce qu’ils espéraient… tout se bouscule dans leur tête, rien ne marche comme prévu, les romains sont toujours là et maintenant pour couronner le tout, les juifs pourraient bien être à leur trousse. Les paroles de Jésus… les écrits des prophètes… les miracles… les guérisons… un  labyrinthe dans lequel ils se sont engagés et dont ils ne trouvent plus la sortie.

Nous, ici, dans le Midi,  nous dirions : leur cerveau c’est le sac du loto. Personne ne peut dire le numéro qui va en sortir et eux, ne savaient même pas, même plus, le lot qui était à gagner ! Leur cœur, désemparé, oscille entre le questionnement du mystère ambigu du tombeau vide et un doute qui les taraude. Alors « Jésus vint, se présenta au milieu d’eux et leur dit : la paix soit avec vous ». Ils sont abasourdis de stupeur nous dit  Luc ; il écrit : « saisis de frayeur et d’épouvante, ils croyaient voir un esprit »[4], puis très vite à dû venir le temps de l’étonnement qui réchauffe de l’intérieur, le moment où le cœur se met à battre la chamade : « il est là », « il parle »… L’espérance qu’avait vécu Jésus et qu’il avait tenté de partager avec eux, devient une réalité tangible qui fait tomber tous les murs qui faisaient barrage en eux. « le Fils de l’homme doit être tué et trois jours après sa mort il se relèvera ». « il est là », « il parle »… La paix soit avec vous…

 

Mon Seigneur et mon Dieu : Un disciple est absent. On ne sait pourquoi il n’est pas là, mais quand il apprend que Jésus est vivant, il doute. Thomas  veut voir, il veut toucher malgré l’interdiction faite à Marie, et Jésus accèdera à sa demande : « Avance ici ton doigt et regarde mes mains, avance aussi ta main, et mets là dans mon côté ».[5] Thomas a vu. Mais a-t-il touché ? Le texte nous dit seulement : « Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu ». Et je crois que c’est à ce moment précis que l’espérance renait dans la chambre haute. Espère-t-on ce que l’on voit ? Les disciples voyaient, ils étaient rassurés, ils avaient en quelques instants élargis leur compréhension de l’enseignement du maitre : « trois jours après sa mort il se relèvera »... la résurrection était entrée dans leur vie. Mais Thomas va beaucoup, beaucoup plus loin. « Mon Seigneur et mon Dieu ». Il confesse non pas un corps humain ressuscité, mais Dieu vivant au milieu d’eux. La confession d’une telle foi en si peu de mot n’était-elle pas la substance même de l’espérance chrétienne ? Comme le dit frère Roger, il est en train de vivre l’aujourd’hui de Dieu, vivant et présent et, dans cet aujourd’hui, déjà, la promesse de l’avenir qui l’attend.  Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité. Alors, les disciples entrent  de plein pied, avec Thomas, dans une espérance régénérée et transformée, où la présence du Seigneur fortifie, dynamise, incite à la prière, aux rencontres fraternelles, au partage, à l’annonce de la Bonne nouvelle. Le passage que nous avons lu dans  le livre des Actes en témoigne. Comme un bourgeon de printemps, l’espérance abonde dans les cœurs à nouveau tournés vers elle …

 

3) l’ espérance : et après ?

au 1er siècle :  l’Evangile post pascal la fonde sur la résurrection de leur Seigneur et leur Dieu, et la place au centre de leur prédication. L’espérance chrétienne se transforme en quelque chose de plus que l’attente de la réalisation des prophéties une notion nouvelle : cette résurrection de Jésus le Christ, devient une garantie absolue de leur propre résurrection. Bientôt, très bientôt… et l’attente du grand jour se vit au jour le jour : aujourd'hui, demain, très vite la promesse se réalisera. Et ils n’en seront pas les seuls bénéficiaires. L’espérance projette chaque disciple dans la possible rencontre de l’autre avec Dieu.  Elle est le levier qui impulse la réalisation d’une œuvre gigantesque, mondiale, universelle car chaque humain qui croisera leur route deviendra un possible : ils voient chaque homme, chaque femme, chaque enfant avec les yeux du Christ ressuscité : chacun est un enfant de Dieu qui peut confesser, en Jésus, comme Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu » et entrer dans le royaume du fils de son amour. Vous connaissez tous la célèbre phrase de Charles Wagner : « l’homme est une espérance de Dieu ». Voilà ce que l’esprit implanta dans le cœur des disciples.

 

Et maintenant, quelle espérance pour nous ? Ces disciples-là, cependant,  dans leur espérance ne voyaient pas dans les siècles futurs, d’autres chrétiens : nous, nous qui sommes aujourd'hui, réunit pour confesser avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Ils ne savaient pas que l’espérance traversait déjà, en eux,  le temps pour venir à nous. Ils ont vécu l’aujourd'hui de Dieu, dans une espérance de vie d’homme dont ils croyaient l’aboutissement à très court terme. Nous, nous avons appris d’eux que  vivre l’espérance, c’est garder ouvert un avenir dont nous ne pouvons fixer les limites. Un avenir qui s’offre, jour après jour…

 

Conclusion : Ensemble, nous pouvons affirmer, pour conclure : [« L’espérance] proclame que la puissance divine, celle de l’amour, ne sera jamais définitivement vaincue ni anéantie ; elle finira par l’emporter sur ce qui lui résiste, l’injustice, la haine, le malheur, la misère et même la mort »[6]. (…) Dieu conduit à autre chose que ce qui est. Il n’est présent et n’a une présence que parce qu’il oriente vers un futur possible. Il est actuel quand il nous mobilise pour participer à son action transformatrice en nous et autour de nous. Hier comme aujourd'hui, dans le monde entier aussi bien que dans notre existence, Dieu est avenir. » [7]  Amen.



[1] Lettre de Taizé 2003

[3] Jean 20, 17

[4] Luc 24, 37

[5] Jean 20, 27

[6] commentaires page 3

[7] André Gouenlle (à propos de la Bible)

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