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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 21:38
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A LA LUMIÈRE DE DIEU

 

Si tu savais comme Dieu est près ; comme, après tout, même dans les situations terribles, la paix du cœur est proche ; comme la mort est simple à ceux qui vivent en Dieu !

Si tu savais quel esclave tu es et combien la liberté est belle et accessible !

 

 

 

SOURCE OUVERTE (1899)

 

Un jour une source pure s’est ouverte.

Elle a donné une eau vive, qui ranimait au fond des cœurs blessés l’espérance et la joie, au fond des cœurs endurcis, la bonté fraternelle, au fond des cœurs errants et pleins d’ombre, la clarté suffisante et rassurante. Qu’est devenue cette source ?

N’a-t-il été donné aux  hommes de n’y puiser qu’une seule fois ? Et l’eau vive qu’elle donnait en ces jours uniques, après avoir jailli une seule fois, se trouve-t-elle aujourd'hui gardée en vases clos par certaines sociétés privilégiées ?

Est-elle dans un livre, une tradition, une Eglise ?

Non, cette source n’a pas été ouverte pour se refermer ni pour être confisquée.

L’Esprit de Dieu ne se laisse ni capter ni canaliser.

Il est dans les pures traditions, dans les pieux souvenirs, parmi les saintes reliques ; mais il agit aussi, neuf, inédit, surprenant, dans les âmes de nos contemporains. Il nous inspire à chaque âge ce qui est le plus conforme aux besoins de chacun. 

C’est l’esprit de vérité, actif tout au fond de l’être, en ces profondeurs où l’homme tient à Dieu par sa racine extrême.

Pour se laisser guider par lui, il faut renoncer à l’accessoire, aux intérêts secondaires, aux préventions, à l’esprit de caste et de parti, à tout ce qui divise les hommes et les rend ennemis, afin de vivre dans les éléments mêmes de notre humanité par lesquels nous sommes liés.

Voilà le bon esprit.

Il est parent de toutes choses. On sent qu’il a soufflé par les pauvres retraites où languit la douleur. Il est si bon  qu’il nous console de tout, même de souffrir.

Mais il a soufflé aussi sur les hauteurs où l’air est toujours pur.

Il n’a pas peur de marcher sur les routes inconnues, ces routes de l’avenir que nul pied n’a foulées encore, pleines de surprises et d’épouvantements.

Il est la piété des vieux souvenirs et l’indomptable poussée vers l’avenir.

Il n’exclut rien, ne méprise rien, ne craint rien. Il est plus ancien que les traditions les plus vénérables, plus frais que le matin nouveau. Il ne se lassera jamais. Car sa flamme s’est allumée quelque part où la clarté existait avant que ne retentit ceci : Que la lumière soit ! et où elle demeurera, lorsque toute la création matérielle aura subi la loi des temps et des changements.

 

 

 

SOUCIS VAINS (1916)

 

Je ne suis pas content de moi. Tous les évènements me produisent trop d’effets.

Evidemment, c’est ma nature qui le veut, cette nature vibrante qui m’a permis d’être secourable à tant d’êtres souffrants. Mais c’est une faiblesse que de se laisser trop émouvoir et cela ne sert ni à nous ni à ceux pour qui nous éprouvons les émotions.

Père des hommes, qui veux que chacun puisse traverser la vie en sachant que tu es près de lui, je ne suis pas assez ferme dans la foi ou plutôt, ma foi, qui est sincère et filiale, devrait former un meilleur contrepoids à mon émotivité.

Donne-moi ton calme, et l’assurance, et l’humeur débrouillarde afin que je puisse être utile aux miens aux heures difficiles et de ne pas leur nuire par une tendresse trop émue.

 

 

 

AVEUX (1888)

 

Ce qui me manque le plus, c’est la fermeté. Dans les occasions sérieuses, je me suis senti quelquefois courageux, sous l’influence de l’exaltation, peut-être de l’opinion. Mais la logique des actes détaillés me manque. Je dépends à tel point de l’impression du moment qu’il m’est difficile de faire un plan d’avenir et d’entreprendre une œuvre de longue haleine.

Par ce défaut de fermeté, j’ai perdu une grande partie des fruits de ma vie et de mon travail. Si je parvenais à acquérir, par l’habitude et la discipline, ne fût-ce que d’une façon mécanique, la faculté de continuer, de recommencer, d’être attentif au même détail, je ferais beaucoup mieux et souvent à moins de frais.

Je suis craintif à l’excès, surtout devant l’inconnu. En l’absence de données certaines,   mon imagination enfante des monstres tels que je suis bientôt en proie à la terreur.

J’ai suivi avec une grande exagération ce précepte stoïcien qui conseille au sage de s’attendre constamment aux pires évènements afin d’être prêts à les affronter. Il me semble que cette façon de se comporter fait perdre le sentiment des proportions et de la réalité, et finit par détraquer le jugement. C’est manquer de tact, de flair, de prudence, de prévoyance et de sagesse que de s’attendre sans cesse aux pires événements, alors que ces événements, s’ils arrivent, ont toujours un caractère exceptionnel.

Mais il y a plus : c’est manquer de confiance, et la confiance est une des qualités principales du chrétien. Malgré toutes les apparences, malgré la sincérité de ma foi religieuse, je me demande parfois s’il n’y a pas au fond de ma vie spirituelle quelque grave lacune. S’il ne manquait à ma foi quelque chose d’essentiel, je ne pourrais pas à tel point manquer de confiance. Après tout, demain c’est le secret de Dieu ; dans cet inconnu Dieu se cache ; il est dans les événements qui se préparent, même s’ils sont amenés par mes fautes. Il est dans la vie et la mort, la maladie et les malheurs.

Il faut que j’apprenne à dire avec plus de confiance : Ne crains pas, je suis avec toi.

 

 

 

L’ESSENTIEL (1899)

 

Nous sommes, dans toutes les phases de la vie, les exécuteurs d’une volonté supérieure à nous et qui nous dépasse. Par là même elle nous soutient. La question essentielle n’est pas d’être bien portant ou malade, fort ou faible, mais de se tenir, dans n’importe quelle forme, agréable ou douloureuse, à la disposition de la miséricordieuse et sainte volonté qui veut se manifester.

Comment la ferai-je le mieux apparaître, dans telle ou telle situation : voilà la question.

 

 

 

CROIRE AU BIEN (1904)

 

Croire au bien c’est l’alpha et l’oméga de la foi en Dieu.

C’est l’alpha, car nous arrivons à Dieu par les traces de clarté et de bonté qui sont dans le monde.

C’est l’oméga car, après avoir trouvé Dieu, les obscurités mêmes s’éclairent pour nous, et nous trouvons de la bonté, de la clarté et de la consolation dans les choses mêmes qui autrefois ne nous présentaient que les ténèbres.

 

 

 

VAINCUS (1882)

 

Il y a de ces trancheurs qui croient avoir tout dit quand ils ont montré le piteux échec d’une grande idée. Que cela est profond ! Quelle est l’idée qui a passé du  premier coup ? Quelle est la vérité qui n’ait eu ses martyrs ?

Je vous bénis, vous tous qui n’avez pas réussi. Morts ignorés, combattants obscurs, voix dans le désert, solitaires, souffrants connus de personne, honnis, bafoués, condamnés, exclus de l’humanité, soyez bénis.

Cette semence dans la terre prouve mieux que toutes les raisons que nous ne périssons pas. Si tout était fini parce qu’un homme de bien meurt seul, enseveli avec sa vérité, le monde croulerait. Une pareille injustice serait, dans l’ensemble des choses, comme une immense crevasse. Quel craquement produirait dans l’univers une dérogation, une seule, aux lois éternelles ! Il ne saurait de même être dérogé aux lois de la justice.

Homme inique, ce que tu lies n’est pas lié, ce que tu délies n’est pas délié… Il ne saurait rien arriver de contraire à ce qui est.

 

 

 

FUITE DES JOURS (1913)

 

On voudrait garder les enfants petits et empêcher les jours paisibles de finir, d’aller aboutir encore à la grande mêlée des labeurs et des luttes. Mais c’est l’impossible que caresser un tel désir.

Que les enfants grandissent donc, que les jours de repos finissent avec leur liberté joyeuse qui rappelle l’enfance. Ainsi le veut la loi qui mène toutes choses. Pourvu que les enfants deviennent des hommes de bien et que les jours de repos engendrent des œuvres dignes de nos divines destinées. La grande affaire est qu’il reste un bon fruit et que la moisson mûrisse.

Alors le temps qui fuit n’est pas à regretter.

 

 

 

SILENCE (1882)

 

Nous comprenons aussi peu les uns que les autres. Le mieux que nous puissions faire c’est de nous aimer et de redevenir enfants. Je suis las de tout ce verbiage, de toutes ces formules et j’aspire à mettre la main à une œuvre utile qui me donne la paix du cœur ; je voudrais, moi aussi, faire la volonté de mon Père et oublier le reste.

 

 

 

LES ENNEMIS (1899)

 

L’Ami : - Il est aussi difficile de distinguer ses ennemis véritables que ses vrais amis.

Tous ceux qui luttent contre nous ne travaillent pas contre nous ; il en est qui nous rendent service en nous combattant. Tous nous avons besoin d’être combattus.

L’adversaire n’est pas l’ennemi. L’ennemi même n’est pas hors la loi.

A supposer qu’il soit méchant, haïssable, digne d’être frappé, exclu, détruit, il convient de regretter ces extrémités.

Quelle tristesse qu’il y ait des êtres si pervers ! Si  le lépreux et le pestiféré sont redoutables, si le mal qui les ronge menace chacun, s’il faut le combattre à outrance et chercher à l’extirper, n’aurons-nous pas pitié du lépreux et du pestiféré ?

Mais ceux-là sont impurs et dangereux malgré eux. Les méchants, au contraire, le sont parce qu’ils le veulent ; ils sont criminels, donc il faut les haïr.

L’Ami : - Etre criminel est un malheur plus grand que d’être malade malgré soi. Il ne faut jamais oublier cela quand on a à lutter contre des misérables. Ce mot contient la vérité sur leur état. Misérable ! Cela ne veut-il pas dire, à la fois, indigne, coupable et malheureux ?

        Prends garde à ton cœur lorsque tu combats ceux qui te semblent mériter le mépris et l’exécration. Crains d’augmenter le mal qu’ils font. Lutte avec le bien contre le mal et n’essaye pas de détruire le mensonge par le mensonge, l’injustice par l’injustice. Tu ne ferais que les grandir en te diminuant. Aie pitié du méchant. 

 

 

 

PARDONNE (1899)

 

Pardonne. Ne garde pas rigueur à ceux qui ont offensé tes chers morts. Non point que leur faute soit mince. Elle est pire que celle commises contre les vivants.

Mais pour l’amour de ceux qui sont entrés dans la grande paix, sois pacifique. Pardonne car ils ont pardonné. Ceux qui sont entrés dans la lumière n’ont que tendresse et pitié pour ceux qui marchent encore dans les ténèbres.

 

 

 

PRINTEMPS SPIRITUEL (1879)

 

Lorsque le printemps sourit à toute la nature et que, sous son haleine, la sève se réveille dans les arbres, parfois il reste, au versant septentrional des montagnes, quelque gorge profonde que le soleil ne visite pas.

Partout ailleurs lumière, joie, chants d’oiseaux. Là seul,  dans l’ombre froide, les glaçons et la neige se perpétuent comme un souvenir de l’hiver. En y entrant, un frisson vous saisit ;  vous vous demandez quand l’heure du printemps sonnera pour ce coin déshérité.

Attendez. Tous les jours le soleil devient plus ardent, la terre plus tiède, la vie plus intense, et bientôt, de toutes parts, arrive le souffle brûlant. Il envahit cette forteresse où l’hiver se barricade, fond la dernière neige et l’on voit verdir les buissons.

Et je songe à ces âmes qui tard fleurissent. On doute, à le voir si renfermées et si moroses, si quelque souffle d’amour arrivera à les réchauffer. Et j’espère, car les heures, précoces ou tardives, arrivent toutes, et pas un coin du monde n’est exclu de la lumière, pas une âme n’est exclue de  la joie.

 

 

 

DANS L’ACCORD (1915)

 

Ceux-là seuls ont un Dieu qui vivent avec la pensée qu’ils sont connus, suivis, aimés, compris et portés par le sublime Inconnu, incompréhensible, inaccessible et pourtant tout près de nous, et qui, dans les solitudes, sentent près d’eux sa compagnie rassurante.

J’ai besoin de me réfugier en Lui et de me sentir d’accord. Plus certain de Lui mille fois que de même, je bâtis sur Lui. Nos destinées sont gouvernées par Lui.

Rien n’est au hasard. Les évènements les plus désordonnés, les plus contraires à sa volonté, n’en arrivent pas moins dans le domaine de son pouvoir, et, finalement, sont obligés de se grouper, se ranger, se résoudre par sa loi.

Le plus méchant ne travaille qu’avec des forces prêtées par Dieu et, par là, enferme dans ses œuvres les réparations futures.

 

 

 

VOCATION (….)

 

Je ne choisirai jamais, à moins d’y être forcé, une carrière qui puisse m’empêcher d’écouter ce que me veulent les fleurs, ce que disent les oiseaux, ce que peut bien signifier le scintillement des étoiles, d’observer en un mot ce fourmillement de grandes et petites choses qui rentrent à la fourmilière, chacune avec un butin pour l’esprit.

 

On a tort de se dégoûter d’une fonction parce qu’elle est mal accomplie par la plupart de ceux qui s’en acquittent. Une fonction résultant de l’état incomplet de notre société ne saurait être exempte de faiblesse. Il lui incombe un fardeau nécessaire qui en est comme la croix spéciale. Mais au sein même de notre organisation vicieuse, revêtu de fonctions qui clochent par leur essence même, il y a encore moyen d’avoir un idéal. Cet idéal est quelquefois de corriger les défauts de la fonction par les qualités de la personne. Telle fonction qui prédispose à la violence fait aimer l’homme modéré, capable de l’exercer avec douceur. Chacun se dit : quel bonheur que cette arme terrible soit entre des mains si clémentes !

Les fonctions spéciales du pasteur sont sujettes à une multitude de travers. Faut-il s’en dégoûter pour cela ? Elles ont certains vices inhérents à l’imperfection des organismes religieux ; d’autres qui tiennent aux fonctionnaires eux-mêmes, et d’autres encore imposés aux fonctionnaires par les erreurs et les faiblesses des fidèles. Est-ce à dire qu’il faille s’en éloigner ?

Regardez plutôt. Prenez les choses dans leur haute simplicité primitive et dites s’il y a une plus belle fonction que celle d’ami de Dieu et des hommes ?

 

 

 

SACERDOCE IDEAL (1882)

 

Que te font les vieux dogmes, les vieux abus, les formes qui gênent au lieu de soutenir ? Mets-toi au-dessus de l’affublement traditionnel et garde l’esprit du passé, la cohésion des efforts de tes pères. Alors il sortira pour toi, des misères présentes où tu te débats, un magnifique vision du sacerdoce idéal qui est la fonction capitale.

Elle est si haute que peu l’ont comprise ; les caricatures que l’homme en donne à tous les âges en ont avili le nom, mais quand elle se montre quelque part, elle gagne les cœurs. C’est la grande vérité inconnue et voilée, toujours obscurcie par nos vices, nos passions, nos luttes impies, mais un seul jour de sa lumière suffit pour faire revivre le monde pour des siècles.

Crois et espère. Ne te détache pas des réalités éternelles parce que l’homme les défigure. Que toute la prêtraille du monde et tous les charlatans réunis n’obscurcissent pas en toi la radieuse figure de ceux qui aiment Dieu et ont pitié des hommes.

Quels traits que ceux du vrai prophète, où se trouve l’empreinte visible des grands mystères entrevus et la compassion qui naît du spectacle de toutes les souffrances : deux mondes tour à tour soudés et dont chacun laisse une trace au front !

 

 

 

QUESTIONS RESOLUES (1914)

 

Je me suis posé bien des questions sur le monde et la destinée des hommes, sur l’histoire, la religion, la Bible, les miracles et les doctrines. Et, certes, il est bon de s’en poser, de chercher, de creuser. Que ne devons-nous pas à la bonne curiosité qui patiente, persévère et finit par trouver !

Mais les pourquoi auxquels il ne saurait être donné de réponse ? Qu’en ferez-vous ?

Ce sont de tous les plus angoissants.

Nous tourmenteront-ils jusqu’à la fin des temps ? Faudra-t-il attendre que tous les problèmes soient résolus pour avoir la paix du cœur, sûre, profonde et surabondante ?

Non, ta grâce nous suffit. Pourvu que tu nous restes par la Foi !

Une explication du monde, la Foi peut s’en passer. Tu es sa lumière dans les ténèbres. La clef des mystères ? La Foi n’en a pas besoin. Pourvu que tu saches tout, nous pouvons ignorer bien des choses et vivre confiants.

 

Père, par la Foi que Jésus de ta part nous a enseignée ; par la Foi qui porte le monde et d’un coup d’aile franchit les abîmes ; par la Foi qui met notre main dans ta main, nous te remettons toutes choses. Nous pouvons travailler sans crainte à l’œuvre humaine, car l’amour divin est en nos mains ; nous pouvons fermer les yeux, car les tiens sont ouverts. Avec toi notre faiblesse est notre force et nos ignorances sont clairvoyantes. Béni sois-tu qui t’es révélé aux petits !

Je t’aime de toute mon insuffisance, je t’aime de tout ce qui me manque.

Toi et moi. Toi et nous. Que faut-il de plus ? Ensemble, nous possédons le monde et les temps et l’éternité.

 

 

 

ASSURANCE EN DIEU (1914)

 

Il nous faut garder pour notre destinée et celle du monde et des hommes une si large réserve dans notre confiance en Dieu et le crédit que nous lui faisons devant les grandes in connues, que rien jamais ne puisse épuiser cette réserve. La pensée qu’elle existe doit être entretenue et fortifiées en temps normal, afin que notre bonheur, notre santé, nos moyens même de comprendre et de sentir, ne puissent diminuer sans que disparaisse, dans notre fond inconscient, le poids énorme de ce lest.

Le monde et la destinée, bâtis sur notre clarté d’intelligence, notre sûreté de jugement, notre force de volonté ou sur des motifs raisonnables quelconques, pourraient être ébranlés. Il se peut que rien ne subsiste sur quoi l’on puisse bâtir, même le trésor intérieur d’une foi nettement possédée.

Qu’alors nos débris mêmes soient imprégnés de la grandeur des mystères consolants. Avoir cela et s’efforcer de le donner, de le procurer sous une forme ou sous une autre, que peut-il y avoir de meilleur ? Augmente-nous la Foi !

 

 

 

VOLONTE DIVINE

 

Cet apaisement que procure le refuge dans la volonté de Dieu n’est pas dû à une résignation passive aux faits accomplis, mais à la certitude que la bonne et paternelle volonté qui dirige toutes choses nous conduira à une bonne fin, même à travers les étapes douloureuses ou terribles, même à travers le triomphe momentané du mal.

Mais il faut bien se garder de confondre les faits accomplis avec la volonté divine. Il  reste un jugement ; la cause demeure ouverte. L’homme n’accomplit rien de définitif ; les sanctions suprêmes doivent être attendues.

 

 

 

PRESENCE REELLE (1883)

 

La plus belle parole de Dieu, écrite, n’est pas une panacée. La  parole vivante, qui revêt la forme humaine, est bien plus forte. Il ne suffit pas de citer l’Ecriture : il faut vivre en enfant de Dieu et donner son cœur aux frères. Un peu d’amour a plus d’influence que beaucoup de doctrine, même de la meilleure et de la plus pure. Dieu, sans doute, a voulu qu’il en fût ainsi, et, d’âge en âge, il se fait homme pour consoler son peuple.

S’il y a quelque chose de vrai dans cette parole : Je serai avec  vous jusqu’à la fin du monde, il faut que la présence dont il est parlé soit réelle, et non seulement réelle dans le sens d’une présence  permanente, spirituelle comme la présence de Dieu partout, mais sensiblement réelle. A quoi me serviraient toutes ces présences mystérieuses de Dieu si je ne les sentais pas ? Celles-là seules ont de la valeur pour moi qui peuvent m’être accessibles.

Oui, Dieu est partout ; dans l’histoire, dans la parole des prophètes, dans la nature, dans l’art ; il est dans l’infinie variété des choses que je ne connais pas et ne connaitrai jamais ; ; mais Il est surtout pour moi dans la grande pitié qui s’abaisse, se donne et s’oublie. S’il se fait une renaissance religieuse, ce sera grâce à elle. Tout le reste n’est rien. On a beau appeler la Foi mère de la Charité, la Foi se nourrit et se retrempe dans la Charité.

 

 

 

VERS LE MIEUX (1916)

 

On ne se trompe pas en croyant au progrès. Le monde est en marche vers un but auquel l’humanité se trouve associée de par Ta volonté. Nous avons beau piétiner sur place ou reculer. La marche que tu conduis finit par tout entraîner.

Heureux ceux qui peuvent sentir l’esprit du chef même à travers les défaillances des soldats. Ce n’est pas te rendre hommage que de déclarer que nous sommes incorrigibles, incapables de rien réaliser de bon, condamnés à l’éternel recommencement dans le mal.

Tu ne nous as pas mis au cœur cette soif de justice pour faire office d’ironie devant les réalités horribles. Ce que les meilleurs ont vu dans leur rêve d’idéal existe. Tout sacrifice nous achemine vers la terre promise. En Toi est notre espérance.

Répétons-nous aux heures noires : « Ne crains rien, petit troupeau ; il a plu au Père de vous donner le Royaume. » Toutes les âmes orientées vers la clarté sont les membres réels ou virtuels de ce troupeau. Les brebis qui entendent la voix du Berger doivent croire qu’il appelle même celles qui n’entendent ni n’écoutent. Les brebis galeuses sont destinées à diminuer, quel qu’en soit le nombre, et, finalement, à disparaître. Et nous faisons cet honneur à Celui qui souffre de leur égarement et de leur maladie, de croire avec ferveur qu’il est des chemins de retour pour les ramener et qu’il est des remèdes pour les guérir.

 

 

QUESTIONS D’AVENIR (1913)

 

Il faut éviter la pente des questions d’avenir. Par un chemin bordé de points d’interrogation vous descendez aux abîmes.

Employez  les jours en conscience et laissez le reste à Dieu : vous ne pouvez ni faire lever ni faire coucher les soleils. Oh ! la meute terrible des soucis, avec ses hurlements, ses gueules ouvertes, ses yeux effrayants ! Oh ! la ruée victorieuse derrière vous, pauvres âmes aux abois !

Toi qui vois tout, ne me laisse pas livré à ces bêtes. Hélas ! qui les déchaîne, si ce n’est nous-mêmes ? Comme d’une graine en naissent cent, d’un souci en sortent mille.

Commande à leurs flots et dis-leur : pas plus loin !

 

 

 

LA PAIX SOIT  AVEC VOUS (1910)

 

Paris m’éprouve toujours beaucoup quand j’y rentre, ayant quitté les grands horizons et le calme des champs. Promener la pensée de ce beau texte apaisant à travers les rumeurs du travail, les agitations des foules, l’éternel drame du vice, de la douleur, cela me semblait à certains moments une amère ironie.

Paix sur les charretiers qui s’invectivent, sur les chevaux tués de labeur, sur les femmes pâles et les enfants déguenillés ; paix au sein des vieilles misères, des vieilles injustices, des vieilles routines. Tout cela fait souffrir, inquiète, blesse et trouble. J’en suis tout harassé à la première rencontre.

Pourtant si son esprit soufflait, tout cela prendrait le bon chemin. Nous créerions un autre monde. Et pour ne pas désespérer de celui-ci et se laisser écraser par sa brutalité, ne faut-il pas au fond de soi une assurance de paix qui soutient et encourage ?

Quelle affreuse grimace fait l’humanité si vous ne pouvez pas la voir à travers la charité qui comprend tout, porte tous les fardeaux et espère tout !

Sans cet esprit, on hurle contre ceux qui hurlent, on perd la patience, le sang-froid, l’équilibre. Le mal nous fait entrer dans un état d’esprit qui augmente le mal. On n’est bon qu’à se lamenter ou a maudire.

Avec lui, il y a partout de la lumière à créer ; le mal devient une matière première sur laquelle s’exercent la patience, la foi, l’espérance.

 

 

 

ESPERANCE (1894)

 

Un jour tout ce but lointain vers lequel nous marchons à travers tant d’obscurité douloureuses sera réalisé ; les sentiers abrupts seront gravis, les précipices franchis, les erreurs expliquées…

Dis-toi cela souvent quand le chemin se complique et que les horizons se voilent.

Par la fleur, par l’oiseau, par le plus humbles de tes enfants humains, envoie-moi un message d’espérance, un peu d’eau vive qui ranime et fortifie.

Je ne demande rien de plus aux jours les plus mauvais.

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