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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 21:32

Cher(e)s ami(e)s,

 

Etes-vous comme moi ? il y a tant de versions des Ecritures qui me sont inconnues. L’histoire de la transmission des Ecritures reste, pour moi, quelques grandes lignes auxquelles il manque de nombreux chaînons. Le Quintuplex Psalterium de Lefèvre d’Etaples est l’un d’eux ! Non pas que je souhaite «savoir » mais il me semble que ces travaux qui ont pris (dirai-je « volé ») parfois, la vie tout entière de celui qui les a menés à bien méritent que nous examinions de plus près ce qu’ils sont, qui était l’homme derrière tant d’efforts, (j’aurais aussi aimé dire « la femme » mais…), pourquoi s’est-il jeté à corps perdu dans un tel travail, et surtout, non pas tant la forme bien que certaines sont la preuve indéniable d’une avancée dans la pensée humaine, mais le fond. Que nous apportent ces ouvrages à nous aujourd'hui ?

Evidemment, j’ai lu, comme la plupart d’entre vous le « une Bible, pourquoi tant de versions » de Kuen mais c’est loin d’être suffisant. L’Esprit a inspiré des hommes qui se sont levés, qui ont œuvré à une meilleure approche des Ecritures et au moins, pour cette raison-là, cela ne vaut-il pas la peine, nous aussi, de faire un grand tour, ou un détour, comme vous voulez, pour visiter et recevoir ce que l’Esprit a inspiré ?

Il est un peu tard pour le faire aujourd'hui, mais demain, pourquoi pas ?

 

 

chaine accrochée à une pierre

Une longue chaîne… d’« aimants  Dieu » (numéro 019)

 

Combien de maillons de la chaîne souhaitez-vous voir ? Où se trouve le premier maillon ?

Et vous ? Où êtes-vous ?

 

JACQUES LEFEVRE D’ETAPLES (# 1450 – 1537)

        

            « Tandis que presque toutes les études portent avec elles du plaisir et de l’utilité, les études des choses divines seules ne promettent pas seulement du plaisir et de l’utilité, mais une félicité suprême. Pendant un long espace de temps je me suis attaché aux études humaines, et j’ai à peine goûté du bord des lèvres, comme on dit, les études divines (car elles sont augustes et ne doivent pas être approchées témérairement), mais déjà dans ce lointain une lumière si brillante a frappé mes regards, qu’en comparaison les doctrines humaines m’ont semblé des ténèbres, elles m’ont paru exhaler un parfum dont rien sur la terre n’égale la douceur ».

        

Lefèvre d’Etaples fut un humaniste et un mathématicien reconnu et célèbre pour ses cours biens qu’on lui reprochât de n’être que « maitre es arts » et non sorboniste, ce qui explique les lacunes de ses traductions. Mais oser se lever contre l’autorité de la version officielle, celle de la Vulgate, c’était faire preuve d’un courage rare.

 

D’autre part, il voulait de toutes ses forces mettre à la disposition de ses contemporains des livres qui leur serait utile. Il fut un véritable « rat de bibliothèque », recherchant sans cesse dans les bibliothèques des couvents des ouvrages qui tombaient en miettes… pour les réimprimer et les diffuser.

 

Il est aussi du temps où une nouvelle science de l’exégèse biblique voit peu à peu le jour. Ses commentaires, particulièrement ceux des épitres de Paul, christocentriques et orientés vers l’affirmation de la grâce divine ont fait de lui, pour certains une préréformateur, pour d’autres, un des pères de l’exégèse catholique moderne. Par exemple, dans son Quincuplex Psalterium, il tente avec succès de rompre avec l’exégèse médiévale des quatre sens de l’Ecriture[1] ; les psaumes sont pour lui des chants messianiques, des prédictions sur Jésus-Christ. Mais ce serait une erreur de dire que cet ouvrage est un ouvrage réformateur, car il reste sous bien des facettes un ouvrage catholique.

 

Lefèvre d’Etaples finit par soulever une très forte opposition qui trouvera un écho dans un arrêt rendu contre lui lorsqu’il affirme qu’il y a trois « Marie » dans les Evangiles et non une, remettant ainsi en cause toute une liturgie consacrée à « Marie ». Il n’attaque pourtant pas l’Eglise catholique romaine, il souhaitait seulement un « renouvellement de l’Eglise où il espérait faire revivre le Saint-Esprit, refleurir les vertus chrétiennes sans secousse ni scission, en répandant la connaissance et l’amour des saintes Ecritures.

 

Il fut bien entendu l’initiateur du cénacle de Meaux (et non Erasme comme je le disais dans l’étude précédente). Et même si l’opinion publique le place aux côtés d’Erasme, de Mélanchton et de Luther, il ne s’est jamais ouvertement déclaré protestant. Cela ne remet nullement en question tout ce que lui doivent les Eglises protestantes.

 



[1] Littéral, allégorique, tropologique, et anagogique.

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