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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 21:35

Demain, 10 octobre, 60 ans que mon papa est mort ; j'avais 4 ans... A cette occasion, et parce que le papa de Geneviève vient, lui aussi de partir, j'ai relu quelques textes.

 

Voici un texte d'exhortation aux adultes qui cotoie l'enfant extrait de "Communion" bul letin trîmestriel de la Communauté des Diaconesses de Reuilly.

 

"

Aide cet enfant à pleurer

 

Où es-tu ?

Peut-être est-ce la question que tu voudrais poser à ce petit enfant là devant toi ?

Peut-être son attitude te surprend-elle ? Il semble « ailleurs », tantôt dans le passé, tantôt dans le futur, tantôt enfermé dans ses pensées et dans ses rêves, tantôt entraîné dans ses aventures qui te font peur, où il semble vouloir braver la mort. Peut-être voudrais-tu le ramener ici et maintenant, faire de lui un bon écolier, attentif et courageux. Sais-tu pourquoi il ne le peut pas ?

 

Où es-tu ?

Peut-être est-ce la question que tu voudrais crier quand tu ne le sens pas là, quand tu sens qu’il est dans un lieu où tu ne sais pas comment le rejoindre . sais-tu pourquoi il a besoin de s’enfuir ?

 

Sais-tu ce que cet enfant vit ?

Sais-tu quelle est la grande question de ce petit d’homme, quelle est la question qui le hante et le taraude jour et nuit ?

Sais-tu que cette question est pour lui insupportable, sais-tu que cette question gagne et envahit toute son épaisseur psychique et physique ?

Sais-tu que cette question est la même que la tienne :

Où es-u, toi qui es mort ?

 

Où es-tu ?

Où es-tu ? voilà certainement l’une des grandes questions que se pose tout être confronté à la mort d’un très proche.

Cette question, tu te la poses, mais lui, ce petit enfant, précocement endeuillé par la mort d’un si proche, par le départ de celui dont la présence était si capitale pour son développement, de celui qu’il aimait tant, n’a pas les mêmes ressources que toi.

 

Et maintenant, toi, tu es là, adulte devant lui. Tu feras, je le sais, tout ce que tu pourras, c’est certain.

Mais je t’en prie, si tu ne comprends pas, si tu ne sais pas quoi faire, si tu ne sais pas quoi dire, si tu n’as rien à expliquer devant ce grand mystère de la mort et de la vie, si tu n’as pas de réponse à cet « où es-tu »’, et à tous les pourquoi de cet enfant, alors, ne dis rien ; sois là, avec ton cœur qui sait aimer, simplement, je le sais, c’est assez pour lui.

 

Et maintenant, toi, tu es là, adulte devant lui. Tu feras, je le sais, tout ce que tu pourras, c’est certain.

Mais je t’en prie, épargne-lui les consolations à bas prix, épargne-lui les « ça passera », « ce n’est rien », ce n’est pas si grave à côté du reste du monde ».

Ne cherche pas, ne cherche surtout pas à l’empêcher de souffrir, ne cherche pas à gommer sa peine, à la noyer comme si elle n’était pas, ne cherche pas à l’empêcher de pleurer.

Tu sais bien comme moi tout le temps dont il aura besoin, tu sais bien comme moi quelle tragédie il a vécue.

Face à ce drame, ne cherche pas à être quelqu’un d’autre ; mais sois là.

Je t’en prie, fais pleurer cet enfant.

 

Soit là pour légitimer sa douleur ;

Sois là pour qu’il entende qu’il a raison d’avoir de la peine, que sa souffrance est fondée, qu’il a le droit de pleurer, qu’il y a de quoi pleurer.

Il a besoin d’entendre que c’est très grave.

Il a besoin de voir dans tes yeux que tu comprends cela.

Il a besoin d’entendre dans ta voix que tu le prends au sérieux dans son drame.

 

Et peut-être, quand tu auras pu, simplement, être là, avec lui,

Et peut-être, quand tu auras pu, simplement, pleurer avec lui,

Alors certainement entendras-tu ces quelques mots, de tous petits mots, mais de si grands mots :

« Je voudrais qu’il soit là, près de moi, grand-papa »

Je t’en prie, fais pleurer cet enfant.

 

C’est alors, je le crois, dans ton cœur aimant qu'il pourra trouver la force de vivre ; c’est alors je le crois, qu’au creux de ce grand mystère, où mort et vie se côtoient, il pourra recevoir la joie de vivre et de donner la vie.

 

Communion n° 188/189 page 51-53"

 

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