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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 09:58

EXTRAIT SENTIERS DE VILLEMEJANE N° 3

 

L’expérience « loi / Evangile » est ressentie comme telle lorsque je séjourne dans les Ecritures pendant la lecture priante :

 

1° Dans la méditation des textes, se dévoilent l’exigence et donc mon péché. Mais ici il importe déjà de dégager la base d’une saine lecture. Les textes scripturaires sont souvent précis et mettent en évidente le concret : violence, atteinte portée au frère, mensonge, avarice, débordements sexuels etc. il arrive même que, si ces précisions ne suffisent pas à anéantir toute bonne conscience, ils aillent jusqu’à la racine : Tu n’as jamais tué, mais le fait d’injurier relève de la même pulsion profonde ; seules les situation sociales font la différence ! Tu n’as jamais commis l’adultère ; mais le fait de convoiter le conjoint d’un autre, c’est la même chose ; cela signifie que dans un autre contexte culturel ou politique, tu serais passé aux actes, voire à la violence sexuelle[1] !

Toutefois, il serait malsain de rester sur le concret immédiat de nos fautes ; cela produirait une culpabilité stérile et ne permettrait encore de passer à côté de la véritable interpellation. Ces situations concrètes dans lesquelles nous nous reconnaissons font symptôme. Face à elles, il ne s’agit pas de dire : « Je vais essayer de ne plus faire ceci » ou « désormais je vais faire cela » ; mais au contraire, de descendre plus profond, de cerner notre être comme radicalement pécheur jusqu’à la racine.

S’il n’en était pas ainsi, si j’en restais au concret, cela voudrait dire : » si je cessais d’injurier mon frère, de désirer l’adultère, de mentir ou de voler, je n’aurais plus besoin de l’Evangile et donc de la grâce ! » La Loi ne dévoilerait plus alors la racine de mon être, mais se donnerait comme un guide de conduite morale pour me sauver par les œuvres : la route de l’Evangile serait donc encore barrée ! Autrement dit, je soignerais toujours mes symptômes sans pouvoir guérir le cœur de mon existence – alors que seul l’Evangile peut opérer cette guérison. Or le projet de la loi, c’est de nous faire comprendre que sa méditation ne peut pas changer notre vie car seul l’Evangile peut déboucher sur le salut, et, par suite, sur  le plus de liberté et d’amour.

La méditation des Ecritures en tant que loi ne met donc pas en mouvement la volonté de changer tel ou tel point de mon comportement en essayant de soulager les remords superficiels ; elle doit au contraire me conduire au désespoir : « Misérable que je suis ! Qui me délivrera de ce corps pris dans  la mort ? »[2]

 

2° Ce cri marque alors un tournant où peut advenir l’Evangile de ce lui qui n’est pas venu pour les justes (ou qui se croient tels) mais pour les pécheurs. Et cela ne manque pas dans la suite du texte de Paul : « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur (…). Il n’y a maintenant plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. »[3]

Ici, la méditation des Ecritures prend un net virage : Dieu n’est plus perçu comme lointain et menaçant mais comme venant dans la foi m’unir au Christ, de telle manière que ce ne soit plus moi qui vive mais Christ qui vive en moi.[4] Je ne fais plus alors l’expérience de la division en moi (diable) ou de la mise en accusation (satan) mais celle de l’unification et de la pacification. Le concret de ma vie n’est pas magiquement modifié, mais je deviens « une nouvelle créature » devant Dieu par la parole de celui qui m’unit au Christ et fait de moi un fils adoptif.  

 



[1] Jean Ansaldi « Le sermon sur la montagne ou les tribulations d’un théologien protestant » Lumière et vie p. 67 - 84

[2] Romains 7, 24

[3] Romains 7, 25 – 8, 1

[4] Galates 2, 20 (il faut lire tout le passage galates 2, 16 – 21)

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