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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 11:39

Chers ami(e)s

Allez, encore sur les routes des 67 et 68... j’ai pris un peu de retard ce matin car je découvre, avec délices, les humoristes alsaciens. Et si le marché de Noël de Strasbourg vaut le détour, eux, aussi, ça c’est sûr ! Berry, Sprutz ( et que viennent donc faire les “Weightwatchers” sur les routes d’Alsace ? hein ? réponse ici : http://www.youtube.com/watch?v=5_q_cy8_9Ik. Vous voudrez bien excuser les gros mots, ce n’est pas moi qui les dit mais bon, j’adhère... moi aussi, j’ai une voiture, je suis polie (la plupart du temps) mais je n’en pense pas moins à certaines occasions... eh ! vous tous, qui êtes à l’autre bout du pays, ou du monde, que devenez-vous ? quel temps là où vous êtes ? quels humoristes écoutez-vous ?

Alors donc nous voilà chez nos frères et soeurs des paroisses d’Hohwiller/Hermerswiller/Reimerswiller. Un site qui date un peu mais qui offre une très belle rubrique de méditations poétiques avec entre autres, les Béatitudes de Daniel Marguerat. Donc, un petit tour par là, si le coeur vous en dit : http://merckling.pagesperso-orange.fr/, rubrique « pour prier et méditer ». Et puisque nous voilà, partout dans le pays, avec du gris sur la tête, de la pluie, de la neige, bref tous les gros mots de la météo réunis sur le territoire, rêvons un peu car Hohwiller, c’est aussi une des « villes et villages fleuris »… : http://merckling.pagesperso-orange.fr/Web/Paroisses/Hohwiller/Fleurs/Fleurs.html. Cette fin de semaine, si vous avez le spleen, voilà un joli tour de France à faire.

 Demain, je suis au culte à Carcassonne à 10 h 30. Culte à Narbonne à 10 h 30. Culte à Collioure à 9 h 30 et culte à Perpignan à 11. Ce soir, à 20 h 30 à Perpignan, concert du partage de l’amitié interreligieuse : prix de l’entrée : un jouet. Culte à Amélie ce soir à 17 h. Pas plus d’infos, le Cep de décembre n’est pas encore arrivé.

Quant à moi, je suis en train de préparer un petit dossier de sites et de textes sur le Notre Père. Chaque chose en son temps… D’autant que je suis loin d’en avoir fini avec Calvin… quel voyageur !

 Et si vous avez une grosse colère rentrée, écoutez donc celle du Père Boulad : http://www.youtube.com/watch?v=wD0Ln-kxnE8&feature=c4-overview&list=UUvZ0TcjA7jCdRe5VS6dWjdQ(déjà visionnée 2634 fois).

Le Seigneur vit en chacun de vous, et en vous, avec vous, il vit aussi vos joies et vos peines et même vos révoltes et vos colères, comme un père aimant et à l’écoute. Alors le « Tout-Puissant » devient tendresse et fragilité avec toi. Abba, Père, lui murmurez-vous… tu es mon enfant, répond-il. Ecoute…

Amitiés

Jo

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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 11:09

Chers ami(e)s

 Quel privilège ! un toit sur ma tête, une maison bien chauffée, un frigo généreux, un bon fauteuil, de l’eau au robinet et l’ordinateur qui fonctionne... mille (que dis-je ? 100 000 mille et plus encore) autres choses pour rendre grâce en cette matinée de froidure ventée qui ne cesse de se rappeler à moi dans les souffles chuchotants qui tournoient dans la rue, dehors. Comment ne pas penser à toutes celles et tous ceux qui vivent dans la rue, dans des bidonvilles, ou les philippins exhibés sous les regards indiscrets des caméras entassés par milliers dans un stade insalubre et nauséabond... UEPAL organise une collecte de solidarité : http://www.uepal.fr/Actualites/General/solidarite-avec-les-philippines.html

 A Mulhouse, une rubrique dans laquelle piocher si vous avez envie d’un partage profond : http://sermulhouse.blogspot.fr/p/paroles-protestante.html

 Sinon, évidemment, vous pouvez toujours, comme le fit jadis dans le Cep un pasteur nîmois, méditer sur le genre humain à travers le prisme du zoo (du zoo de Mulhouse, évidemment)… vous savez, quand les petits chiens suivent leur pasteur en déplacement ou les chats ronronnent au coin de la cheminée sans sortir au froid ou que les chèvres vont et viennent au gré de leur fantaisie, sans compter les chameaux qui viennent s’abreuver une ou deux fois par an… on pourrait continuer sa méditation avec le zèbre, l’ibis rouge ou  l’otarie à crinière… je me verrais bien en maki. Et vous ? (http://www.zoo-mulhouse.com/fr/les-animaux-et-plantes-stars/

Cinquième et dernière semaine du MOOC sur Calvin. Que de choses inattendues et nouvelles pour moi dans ces cours remarquablement pédagogiques et accessibles… Du coup, me voilà décidée à revenir écouter des cycles pour auditeurs libres de la faculté et en premier, cela va sans dire, un cycle très complet sur l’éthique de Calvin (13 sessions) et pourquoi pas, les autres cycles qui lui sont consacrés ?. Si le cœur vous en dit : http://www.unige.ch/theologie/cite/conferences/audio/Dermange.html

 J’ai aimé aussi écouter les reportages consacrés aux ermites sur « A vue d’esprit » : http://www.rts.ch/espace-2/programmes/a-vue-d-esprit/5346140-a-vue-d-esprit-du-18-11-2013.html

 Demain, à Carcassonne : culte de la cité et du souvenir avec les autorités civiles. A Narbonne, journée exceptionnelle : culte à 10 h 30, suivi du repas « châtaignes » et de ciné théo : »la symphonie pastorale » et bien sûr, culte à 10h 30. A Collioure, culte à 9 h 30. A Perpignan, culte à 11 h.  et pour les P.O, « voyage au pays de  la foi » aussi la semaine prochaine.

Sur mon blog, quelques nouveautés. Et pour le coup, je vais y poser la réponse que j’avais faite au pasteur nîmois. http://lecoeuretlamain.over-blog.com(rubrique : contes, fables et autres balivernes)

Dans le regard du Maître, que vous ayez les plumes roses du flamand, le pyjama rayé du zèbre ou les écailles du mulet… ou… ou… c’est votre cœur qui apparait, joyeux ou triste, lent ou rapide, bien battant ou bien fatigué et c’est là qu’il vient déposer tout ce qu’il veut vous donner. Et vous voilà revigoré ! Alléluia !

 Amitiés

 Jo

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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 10:42

Un jour, un pasteur, quelque peu attristé, fit dans notre magazine régional un billet où ses paroissiens devenaient des animaux : le petit chat qui préfère rester au coin du feu quand il fait froid ou qu’il pleut, le petit chien qui suit son maître partout quand il change de chaire, les chèvres qui vont et viennent au gré de leur fantaisie et les chameaux, eux, ne sont là qu’une ou deux fois par an pour s’abreuver… il m’inspira cette réponse, après ma visite dans sa ville, la voiture chargée de matériel pour entretenir la tombe de mes grands-parents, passage obligé par l’autoroute…

« cher ami « fermier-Président »

Quel billet dans le Cep ! Cela m’a fait remonter au cœur un dimanche de janvier…

Une pauvre ânesse, chargée d’un fardeau spécial a dû sortir de son étable ; une charge inhabituelle dans ses panières, un peu perturbée par tous ces drôles de zèbres sur une route bien encombrée, et je te double par ci et je te dépasse par là, elle alla, de son traintrain, jusqu’au but de son voyage.

Voyant l’heure tourner, elle galopa un peu (quelle scène !) et, après avoir déposé sa charge à l’endroit prévu, elle tourne et vire et finit par trouver l’étable inconnue où elle avait prévu de passer un moment. Tiens ! mais où est donc l’entrée ? Pas sous l’horloge en tous cas. Et la porte ? Encore fermée ? Fort heureusement, deux cigales SDF bien décidées à glaner quelques sous (l’hiver est déjà bien entamé) confirment : « ils ne vont pas tarder, dame ânesse, et vous n’auriez pas 10 francs ? »

Enfin, s’ouvre la porte et elle entre dans ce lieu inconnu, par ailleurs fort intéressant ; il aurait gagné à être visité de plus près mais les animaux présents (chats, chiens, chèvres, chameaux et autres…) étaient tous très occupés.

Levée depuis l’aurore, un peu fatiguée, elle se pose sur un banc, et « hihanne » sa part avec tous les autres : miaulements, aboiements, bêlements et chameaux qui blatèrent : tous ensemble font résonner, ma foi, de forts belles mélodies et elle est bien contente : sapristi ! cela valait bien le détour.

Dommage qu’une fois la fête finie, personne ne se dit, pas même le fermier de service dans sa belle salopette du dimanche (la salopette du fermier fait l’objet de bien des  discussion dans sa ferme) : « Tiens ! une ânesse ? qu’est-ce ? De quel troupeau s’est-elle donc échappée ? Et son foin de midi ? où va-t-elle le chercher ? »

Les oreilles un peu basse, d’autant que chez les hyènes du coin (sectaires mais accueillantes), on l’eut gratifiée de bien des sourires : « une ânesse ! si on essayait de l’intégrer au troupeau ? quel genre de travail pourrait-elle nous faire ? A-t-elle de quoi ? (« quoi » : vocabulaire sectaire pour billets de banque) dans ses panières ? [voir le Cep de novembre 1997 sous la plume de Françoise Saslawsky), accueil généreux mais pas désintéressé et à la limite du dangereux, elle le sait bien notre ânesse… mais quand même !

Finalement, elle passa devant  un « Macdo-foin » et s’y arrêta. C’était à Nîmes, un dimanche de janvier…

Mais je reviendrai… va… parce que dans cette étable-là, comme il est écrit : « là où deux ou trois sont réunis en mon nom… » et IL y était, j’en suis sûre.

Salutations amicales et fraternelles à toute la ferme et au fermier.

Et depuis, chaque fois que je croise le fermier, je lui dis : « hi –han »…

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 18:42

CARCASSONNE

DIMANCHE 17 novembre 2013

EPHESIENS 2, 19 -22

            LUC 21, 5 - 19

               

Introduction : « mais qu’est-ce que c’est que ce binz ? » se serait exclamé un célèbre personnage du cinéma, après la lecture des textes proposés ce matin. En effet, cela m’a semblé quelque peu déroutant de voir découpler l’annonce de la destruction du temple par Jésus d’avec celle de la destruction de Jérusalem voire de  la venue du Fils de l'homme, la lecture proposée stoppant net après le verset 19. Parlons donc du temple.  Nous sommes en 2013, ce texte où un juif annonce à d’autres juifs la destruction d’un temple juif, fut-il le plus sacré, que me dit-il ? Faisons d’abord un bref rappel de ce que représentait le temple pour les juifs. Dans un deuxième temps, quelques des questions qui me trottent dans la tête. Elles vont nous déplacer vers un lieu étonnant. Et pour terminer, parce que c’est la vocation des Evangiles, nous écouterons la Bonne Nouvelle annoncée dans ce texte-là aussi.

 

1) Jésus, les juifs, ses disciples  et le temple. Commençons par le temple de Jérusalem. Il était le centre du culte juif ; et les romains ont appris à leur dépend à plusieurs reprises qu’il valait mieux éviter d’y toucher. Flavius Josèphe raconte que Pilate fit rentrer de nuit dans Jérusalem des images de l’empereur. Citadins et campagnards juifs firent cause commune (ça c’était exceptionnel)  et des émeutes éclatèrent. Ils firent ce que nous appellerions un « sitting de protestation » autour du palais de Pilate qui ordonna à ses soldats de les encercler ; il annonça que s’ils persistaient, il donnerait l’ordre de tous les égorger. Ce qui n’aurait pas déplu à la troupe de mercenaires syriens affectées à  Jérusalem qui détestaient cordialement les juifs : souvenons-nous de ce qu’ils ont fait à Jésus. Alors, les contestataires se jetèrent à terre et tendirent le cou en criant haut et fort qu’ils étaient prêts à mourir. Oui, le temple était le centre de leur vie, le centre de la vie de tout le monde juif, la source d’oxygène religieux et même économique indispensable et fondamentalement central pour eux. Alors, annoncer sa destruction prochaine relevait pour Jésus d’une provocation risquée, dangereusement tendancieuse, accentuée par des annonces prophétiques calamiteuses, qui pourrait bien lui couter la vie, prédiction  avérée par la suite, nous le savons.

Et quand Luc rédige son évangile, les paroles de Jésus sont en parties réalisées : en 70, le temple a été détruit et les juifs, désormais, vont inaugurer un chemin ou l’enseignement des rabbins prendra le pas sur les rites et les sacrifices. Les chrétiens, qui continuaient de fréquenter, eux aussi, le temple, comme Jésus le faisait, sont désormais des parias pour les juifs ; la « prière de bénédiction des hérétiques », en fait, une malédiction, était prononcée tous les jours : « que les nazaréens et les hérétiques aillent sur l’heure à leur perte, qu’ils soient effacés du livre de vie et qu’ils ne soient pas mentionnés parmi les justes ». Ainsi, l’annonce de la destruction du temple et sa réalisation ont eu des conséquences réelles dans la vie de nos frères et sœurs chrétiens du 1er siècle, conséquences dans lesquelles on peut inclure les persécutions romaines.

 

2 ) des questions : et nous, en 2013, ici, en France,  qu’est-ce qui pourrait déclencher un sitting de protestation ? qu’est-ce qui fait « temple » pour nous ? une destruction est-elle programmée avec les persécutions annoncées par Jésus ? et si cela était en cours ? Marie-Odile Pasquier, pasteur, écrit : « Car, nous, ici même !  Ne vivons-nous pas ce que je qualifierais de « persécution molle » ? Aujourd’hui, il n’est pas dans l’air du temps d’être croyant. Encore moins d’être pratiquant ! D’afficher des valeurs explicitement évangéliques. Imaginez-vous vos enfants dire avec fierté : je ne viens pas avec toi à telle fête, je vais au caté ! Vous voyez vous expliquer à vos amis, sans embarras : non, je ne viendrai pas déjeuner ce dimanche ou pas avant telle heure : je vais au culte ! Nous sommes persécutés par ce que j’appellerais «l’air du temps ». Le rythme de vie effréné auquel nous sommes soumis, ou auquel nous nous soumettons nous-mêmes… comment trouver dans ce flot d’activités, toutes très enrichissantes, très passionnantes, toutes nécessaires à notre bien-être, un tout petit peu de temps pour Dieu ? Comment mettre dans nos priorités, en terme de temps, en terme de choix de vie, en terme d’investissement y compris financier, la simple survie de nos Eglises ? Acceptons-nous de laisser s’effondrer sans rien dire ce que tant d’autres ont maintenu [ou maintiennent encore aujourd’hui] dans la ferveur et au risque de leur vie ? » (fin de citation).

Le texte sur le temple et l’annonce de sa destruction, couché dans les Evangiles est destiné aux chrétiens de tous les temps, même si Luc ne le savait pas : il pourrait donc être un avertissement pour celui ou celle qui s’assoupit, c’est ainsi que le pasteur Pasquier l’a reçu.

Je crains de devoir lui donner raison. Assoupie, ramollie, amorphe, flasque, une espèce de S.E.C., syndrome d’épuisement chronique spirituel… les adjectifs ne manquent pas et chacun connait sa propre liste. Les juifs vaquaient à leurs occupations, le « petit peuple » anonyme se fondait dans le paysage politique et social, en silence. Pourtant, il s’est levé comme un seul homme dès qu’on a touché au temple. Et nous, à quel temple faut-il toucher pour que nous fassions corps et nous levions ensemble ? Nous aurions pu, ici, bifurquer vers une méditation sur tous les attachements forts, qui nous habitent à la limite du sacré pour nous,  mais le temps nous manque ; vous en aurez bien un peu dans la semaine pour suivre ce chemin de réflexion. Je préfère, maintenant, m’attacher à dire une formidable bonne nouvelle : celle que les Evangiles proclament.

 

3 ) une bonne nouvelle :  Pour nous, lecteur des Ecritures, le Temple, s’est déplacé de Jérusalem, lieu géographiquement situé sur une carte, vers un lieu immatériel, impossible à localiser avec exactitude : ce lieu, c’est l’Eglise. C’est ce que Paul nous rappelle dans l’épitre aux Ephésiens : « vous êtes construits ensemble pour être une habitation de Dieu » et Jésus Christ est la pierre angulaire de cette construction. Certes, elle est fragile, ses pierres parfois se désagrègent, certaines se détachent et tombent, au risque d’affaiblir les murs de soutien. MAIS, les Romains de tous bords d’aujourd'hui, sont impuissants à détruite un temple qu’ils ne peuvent, d’ailleurs, même pas concevoir : un temple fait de pierres vivantes, un temple dont le trésor ne se compte pas en milliards d’Euros, un temple à la fois visible et invisible qui est louange et qui rassemble dans le monde entier des pierres disséminées dans l’espace, certes, mais indissolublement soudées par un ciment imprégné d’un consolidateur indestructible et j’ose  le dire, plus résistant encore qu’une super glue extra forte : l’amour de Dieu en Christ que  l’Esprit perfuse goutte à goutte dans nos cœurs malades pour régénérer la force et la résistance des pierres, quasiment toutes endommagées. Un  traitement dont l’effet est visible. En avez-vous douté en vous regardant ce matin dans le miroir ? Pierre du temple de Dieu, il prend soin de toi ; les romains peuvent toujours essayer, ils ne t’auront pas. Magnifique bonne nouvelle !

 

Conclusion : Le temple de Jérusalem n’est plus ; pour nous, chrétiens, un autre temple, se dresse, inébranlable et pourtant tout en humanité et en faiblesse, et ça aussi c’est une bonne nouvelle. Ecoutez, en conclusion, ce qu’en dit Georges Bernanos : « comment expliquer cette bizarrerie que les plus qualifiés pour se scandaliser de ses défauts, des déformations ou même des difformités de l’Eglise visible – je veux dire les saints – soient précisément ceux qui ne s’en plaignent jamais ? Oh ! bien sûr, si le monde était le chef-d’œuvre d’un architecte soucieux de symétrie, ou d’un professeur de logique, d’un Dieu déiste en un mot, l’Eglise offrirait le spectacle de la perfection, de l’ordre, la sainteté y serait le premier privilège du commandement… Allons ! Voudriez-vous d’une Eglise telle que celle-ci ? Vous y sentiriez-vous à l’aise ? Laissez-moi rire, loin de vous y sentir à l’aise, vous resteriez au seuil de cette Congrégation de surhommes, tournant votre casquette entre les mains, comme un pauvre clochard à la porte du Ritz ou du Claridge. L’Eglise est une maison de famille, une maison paternelle, et il y a toujours du désordre dans ces maisons-là, les chaises ont parfois un pied de moins, les tables sont tachées d’encre et les pots de confiture se vident tout seuls dans les armoires… La maison de Dieu est une maison d’hommes et non de surhommes. » Amen.

Flavius Josèphe LA guerre juive 2, 169

Antoine Nouis un catéchisme protestant 4è édition page 598

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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 10:20

Chers ami(e)s

 Triste semaine... en boucle, les médias proposent des images de détresses et de deuil... quant à moi, une messe d’enterrement pour un petit Quentin qui avait 7 ans... il jouait... il s’écroule... le coeur a cessé de battre... il n’était pas malade...

Des évènements qui sont autant d’aiguillons pour nos coeurs parfois flegmatiques et indolents... demain, je lui dirai... demain je ferai... demain... Non, pas demain, aujourd’hui ! Aujourd'hui, aime, dis-le, fais-le, montre-le… n’est-ce pas aujourd'hui que tu es aimé(e) ?  Alors, cette semaine, je ne me suis promenée qu’en moi-même mais voilà une cure salutaire.

Le MOOC sur Calvin a requis une grande partie de mon temps. L’introduction à sa vision économique est une première pour moi ; et son enseignement sur les rapports maitre-employé, une nouveauté aussi. Si vous avez un peu de temps, pourquoi ne pas écouter une émission intitulée : « Calvin et la femme de ménage » ? si le cœur vous en dit : http://www.rts.ch/espace-2/programmes/babylone/5214022-babylone-du-30-09-2013.html#5214021

Le dernier CD d’Alain Caburet, « L’arbre de vie » vient de paraître. Un petit quizz ?

« Regardez-le ce voyou, qui se sauve de chez nous, en demandant tout l’argent, prévu dans le testament ! barbe fleurie, cheveux long, il abandonne la maison, vêtu comme un plein de fric, il part pour les Amériques ! lalalalalalalal…. »  alors, c’est qui ?

Un autre ? « dans la vill’ de Jéricho, à des années de chameau, il y avait un petit homme, a peine’ haut comme trois pommes, un monsieur très important, plein de soucis et d’argent » et lui ?

Le Cd est déjà disponible à la librairie de la paroisse de Perpignan. Pour les amateurs hors département, soutenez les éditions Olivétan (qui en ont bien besoin): http://www.editions-olivetan.com/detailnouveau-1326000589.html

Encore un quizz (on dirait que  le MOOC m’a collé un tic ! ? !) : Olivétan, allez, sans chercher sur votre dico, que nous a –t-il offert ? Quelle importance pour nous aujourd'hui encore ? http://bibliorama.fr/traduc_1535.html

 Et même les brodeuses y trouveront leur compte car sur ce site de fabuleuses lettres d’alphabet enluminées illustrent des pages de la traduction… A quoi sert la culture ! Cette semaine, d’ailleurs, la dernière séquence sur Calvin s’intitule : « Calvinisme et art ». hélas, Calvin n’était pas amateur de… au fait, pas amateur de quoi ? J’ai trouvé une courte vidéo destinée aux enfants suisses qui pourrait bien vous plaire aussi et qui répond, peut-être…., à une question « d’une importance capitale, ma sœur ! » : « comment la Suisse est-elle devenu la reine, que dis-je ?, l’impératrice de l’horlogerie ? Si le cœur vous en dit : http://www.rts.ch/video/jeunesse/helveticus/5367456-helveticus-1550-jean-calvin-et-l-horlogerie-bijouterie.html

Pour l’agenda, fin de semaine en synode pour nos délégués, à Narbonne culte à 10 h 30, à Carcassonne aussi (votre servante y sera), à Collioure à 9 h 30 et à Perpignan  à 11 heures. Ce soir, à 17 heures, culte à Amélie.

                 

Allez, le temps s’écoule, aujourd'hui, tout de suite, maintenant, pour passer d’une seconde à l’autre, sans jamais se lasser… l’amour non plus ne se lasse pas… oh ! pas le nôtre, si fragile et versatile, mais celui du Seigneur, celui qu’il t’offre, là, maintenant, à l’instant, sur-le-champ, séance tenante, toutes affaires cessantes… (ah, le dico de Caen !). Toi, ouvre ton cœur, ça y est, il est plein ! Profite !

Amitiés

Jo

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 10:43

Chers ami(e)s

Internet, quel outil ! la voiture, le train, l’avion, c’est bien, mais internet c’est mieux… (tiens, la formule me rappelle quelque chose, hummmmmm…). Figurez-vous que je n’ai jamais été à Hagondange ou à Maizières-lès-Metz et pourtant ce matin en consultant la suite de la liste des paroisses de l’Uepal, j’avais le sentiment d’être en pays connu. J’ai visité bien souvent le site de Hagondange pour sa rubrique « prédications ». Et pour le coup, une fois sur place, je faisais un peu le tour de « la place ». Un grand site, très convivial et bien garni avec des tas de choses à lire et même à rire… enfin, presque. Prenez  la rubrique « la paroisse » et descendez dans « chantiers de réflexion » puis entrez dans l’article « l’Eglise de base et la base de l’Eglise »… sourire c’est déjà ouvrir la porte à plus que ça… Si le cœur vous en dit : http://epral.fr/index.php

Deuxième semaine avec Calvin, ça chauffe ! et même si la Bibliothèque de France offre sur son site Gallica l’intégrale des lettres de Calvin, là, je cale. Mais si l’un d’entre vous est curieux : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209248w.

 Du coup, en me promenant sur le net, je fais de curieuses découvertes et des accusations infondées mais qui ont circulé longtemps sur le réformateur. Etonnant combien la nature humaine préfère le sale au propre… les cochons n’en ont pas l’exclusivité et encore, eux, il y a une raison physiologique à leur désir immodéré de se rouler dans la boue.

Et puisque nous sommes en temps de « Toussaint », j’ai appris  que pour la Toussaint 1533, Calvin avait rédigé (mais peut-être pas selon certains) le sermon de la Toussaint prononcé par Nicolas Cop (recteur de l’Université de Paris quand même !), sermon commentant « Heureux les pauvres en esprit »  où la justification par la foi seule enseignée par Luther prenait une grande la place même si une invocation à Marie y figure aussi. Ce fut en tout cas l’étincelle qui alluma un feu d’émeute plutôt fourni et conduisit Calvin à quitter le pays.

La « faculté », au temps de Jésus, était tout aussi enflammée que celle du temps de Calvin. « C’est insupportable, à la fin, tout cet amour balancé à la figure des petites gens. Non mais, ils finiront par nous enlever le pain de la bouche et par nous faire passer pour des idiots ». Je ne sais pas si c’est l’idée de perdre leur place  ou celle de perdre leur pouvoir d’intello qui prime, mais toujours est-il, qu’on retrouve aujourd’hui d’autres « facultés » tout aussi virulentes… hélas ! Marchons de concert (ou si vous aimez l’eau, de conserve) avec l’Acat qui prie pour les victimes et pour leurs bourreaux.

A Narbonne demain culte à 10 h 30 avec la pasteure de Perpignan,  Nicola Kontzi-Mairesse et à Perpignan, culte à 11 h avec Michel Jas qui prêchera aussi à Collioure à 9 h 30. Echange de chaire consistorial donc… à ne pas manquer !

 Quelques nouveautés sur mon blog : http://lecoeuretlamain.over-blog.com(dont un article extrait intégral du livre  de Doumergue sur la vie des « capettes » au collège de Montaigu. Vous avez dit « épouvante » ? j’ai intitulé l’extrait : « Montaigu, la galère ! »). Samedi prochain, journée de formation des prédicateurs à Montpellier. J’en suis.

 

Le Seigneur nous unit, tous et toutes, chacun et chacune, les un(e)s aux autres en ce temps où la parodie de la mort sous toutes ses formes nous éclate au visage. Comment ne pas avoir une pensée d’affection attristée pour toutes celles et tous ceux qui la vivent « pour de vrai » au quotidien ? Lui aussi, qui l’a connue, tend ses bras vers toi, et toi, et toi, et… Viens. Il t’aime.

 Amitiés

 Jo

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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 10:45

JEAN CALVIN

 

Emile Doumergue

Extrait (pages 69 à 72)

« Quatre traits caractérisent pour nous l’esprit de ce célèbre collège de Montaigu, qui incarnait lui-même l’esprit de tout l’enseignement, aux premières années du XVIE siècle.

         D’abord l’ascétisme.

L’article troisième du règlement ordonnait le silence, « depuis la fin des complies, jusques au son de la messe du lendemain. »

Le quatrième réglait le costume. Les théologiens, prêtres et étudiants en philosophie, devaient être vêtus de noir, avec des manteaux sans plis, « et des chaperons en teste à la façon d’un camail sinon qu’ils sont cousus devant et derrière, et n’y a ouverture sinon pour passer la teste, ainsi que les portent les frères convers de Saint-Germain des Prez. »

Plus important encore est l’article relatif à la nourriture : « il est défendu de boire vin et de manger chair, excepté les théologiens et prestres d’avoir une pinte de vin à trois, composée de trois demi-sextier et d’un demi-sextier d’eau, en considération de leur âge viril et de leur labeur aux études. Pour la pitance, ils auront tous à l’entrée de table chascun la trentiesme partie d’une livre de beurre, des pommes cuites, des pruneaux ou quelque chose d’équivalent. Plus le potage de légumes (qui sont poix, febves, et autres semblables grains issus de terre), ou de bonnes herbes. Pour la portion des jeunes capettes auront chascun la moitié d’un harenc ou un œuf. Les théologiens et prestres auront deux fois autant, c’est scavoir deux œufs chascun, on un harenc ; pour le dessert, un morceau de fourmage ou quelques fruits, si la saison et les moyens y sont. »

Evidemment, le principal qui a rédigé ce prospectus avait du sang d’Harpagon dans les veines. Mais il n’était pas le seul, dans le bon vieux temps, et nous avons les plaintes d’un écolier du XVIIe siècle, qui disait encore : « j’estois gros et gras quand le malheur voulut me constituer prisonnier de ces ennemis de la nature ; mais a peine y eus-je demeuré trois jours, qu’il fallut envoyer mes chausses et mon pourpoint au tailleur pour les estressir. »

Et cependant, les pauvres capettes de Montaigu, avaient beau habituellement ne pas manger, ils avaient encore des jours dits de jeûne.

La maigre pitance était compensée par d’abondantes fouettées : c’est le second trait caractéristique de l’éducation de cette époque en général, et de Montaigu en particulier.

Le fouet était le grand instrument d’éducation, sinon l’unique. On fouettait tout  le monde, toujours. Marguerite de Valois avait été fortement fouettée. D’Aubigné avait été fouetté. En 1544, un recteur de l’Université recommandait encore aux maîtres de ne pas ménager les verges à leurs élèves et même de les rouer de coups. »(…) Le portier était le fouetteur en titre. Mais le principal ne dédaignait pas souvent d’y mettre la main. Rabelais nous a conservé précisément le souvenir du principal Tempeste, un des successeurs de Satandouth, « le grand fouetteur d’écoliers au collège de Montaigu. » Et Montaigne s’écrie : « Au lieu de convier les enfants aux lettres, on ne leur présente à la vérité que horreur et cruauté ; ostez-moi la violence et la force… cette police de la plupart de nos collègues m’a tousjours depleu… C’est une vraye geaule de jeunesse captive… Arrivez-y sur le poinct de leur office : vous n’oyez que cris, et d’enfants suppliciez, et de maistres enyvrez en leur cholère… les guidant d’une trongne effroyable, les mains armées de fouets. »

Comme la réputation de Montaigu l’’emportait sur toutes les autres, il n’est pas étonnant que ce collège ait fini par apparaître comme l’idéal de la maison de… correction : « Tellement, raconte encore un historien du XVIIe siècle, que quand il y avoit quelque père ou mère à Paris molestez et attediez de leurs enfants mal vivans et incorrigibles, on leur conseilloit de les enfermer à Montaigu afin de les ployer, adoucir dessous la verge d’humilité, et de les réduire à la voie de vertu, de laquelle ils estoient esloignez par mauvaise compagnie et trop grande liberté. » 

Troisième trait : une saleté indicible. Bornons-nous  à constater que d’une manière générale les collèges interdisaient à leurs élèves de porter les mains à leur tête pendant le repas. C’était trop dangereux. Et laissons parler deux capettes illustres de Montaigu, Erasme et Rabelais.

D’où viens-tu, demande un interlocuteur des colloques d’Erasme ? – Du collège de Montaigu. – Tu nous reviens donc chargé de littérature ? – Bien plutôt de poux.

Rabelais, lui, nous dépeint son héros arrivant chez son père,  après quelques-unes de ses aventures extraordinaires, et se mettant en train de se coiffer. Il prend son peigne « qui estoit grand de cent cannes, appoincté de grandes dents de éléphants toutes entières ». A chaque coup il faisait tomber d’énormes boulets , qui lui étaient restés dans les cheveux. « Ce que voyant, Grangousier son père, pensoit que feussent poulx et luy dit : Dea, mon bon filz, nous as-tu apporté jusques icy des esparviers de Montagu ? Je n’entendoys que là tu feisses résidence. – Adonc Pornocrate respondit : Seigneur, ne pensez pas que je l’aye mis au colliège de pouillerie qu’on nomme Montagu : mieulx l’eusse voulu mettre entre les Guenaux de sainct Innocent, pour l’énorme cruauté et vilenie que j’y ay congnue. Car trop mieulx sont traictés les forcez (forçats) entre les Maures et Tartares, les meurtriers en la prison criminelle, voir certes les chiens en vostre maison, que ne sont ces malautruz au dict colliège.
Et si j’estoys roy de Paris ; l e diable m’emport si je ne mettoys le feu dedans, et faysoys brusler et principal et régents, qui endurent cette inhumanité davant leurs yeulx estre exercée. »

Enfin, quatrième trait : le travail, un travail aussi exagéré que la saleté, la barbarie, la famine. On se demande où les élèves prenaient les forces. En tout  cas, le programme que voici va nous montrer qu’ils avaient besoin d’en avoir beaucoup.

A 4 heures du matin, lever. Un élève de philosophie, chargé des fonctions d’éveilleur, parcourait les chambres, et en hiver y allumait les chandelles.

De 5 à 6 heures, leçon.

A 6 heures, messe. Puis, premier repas, composé d’un petit pain.

De 7 à 8 heures, récréation.

De 8 à 10 heures, leçon.

De 10 à 11 heures, discussion et argumentation.

A 11 heures, dîner, accompagné d’une lecture de la Bible, ou de la Vie des saints. Le chapelain disait le Bénédicité et les Grâces, auxquelles il ajoutait une exhortation pieuse. Le principal prenait ensuite la parole , adressait des éloges ou des blâmes aux élèves, annonçait les punitions, les corrections méritées la veille.

De midi à 2 heures, révision des leçons, travaux divers.

De 2 à 3 heures, récréation.

De 3 à 5 heures, leçon.

De 5 à 6 heures, discussion et argumentation.

A 6 heures, souper.

A 6 heures et demie, examen du travail de la journée.

A 8 heures en hivers et à 9 heures en été, coucher.

 

Ainsi condamné au jeûne et au travail forcé, plus d’un capette succombait.

Erasme réunit tous ces traits dans le tableau suivant : « J’ai vécu il y a trente ans, dans un collège de Paris où l’on brassait tant de théologie que les murailles en étaient imprégnées ; mais j’en ai pas rapporté autre chose que des humeurs froides et une multitude de poux… Les lits étaient si durs, la nourriture si chétive, les veilles et les études si pénibles, que maints jeunes gens de grande espérance, dès la première année de leur séjour dans ce collège, devenaient fous, aveugles ou lépreux, quand ils ne mourraient pas… Plusieurs chambres à coucher, étant situées près des lieux d’aisance, étaient si sales et si infectes qu’aucun de ceux qui y ont demeuré n’en est sorti vivant, ou sans le germe d’une grave maladie. Les punitions, consistant en coups de fouet, étaient administrées avec toute la rigueur qu’on peut attendre de la main du bourreau… Le principal du collège voulait faire des moines de nous tous, et, pour nous apprendre à jeûner, il nous privait absolument de viande. O combien d’œufs pourris j’ai mangé là ! que de vin moisi j’y ai bu. »

Sorte de capuche, pièce de vêtement jouant l e rôle d’une coiffure couvrant la tête (teste) et les épaules de celui qui les porte (Wikipédia)

Sorte de pèlerine sans capuche (Wikipédia))

Frère laïque, religieux de plein droit sans être un moine, principalement destiné dans l es ordres monastiques à l’exploitation de domaines ruraux :   les « granges » (domaines agricoles) et les « celliers » (domaines viticoles) http://jlconvers.free.fr/histoire_c/@Histoire_c10.htm

Selon les régions entre 0, 4 et 0,5 litre

Jeune élève boursier

Tarsot p. 117

Franklin La vie privée d’autrefois. Ecoles et collèges, 1892, p. 139

Essais de Montaignelivrfe 1 chaptire 25

En 1522, dans son traité De Conscribendis litteris, Erasme, parlant des Béda et des Quercu, qui enseignaient à Montaigu au moment même où s’y trouvait Calvin , écrit : « Ce roussin d’Arcadie, vêtu de la peau du lion, trop ignare pour se faire écouter avec plaisir de ses disciples, trop grossier pour aimer ou être aimé, bourelle les malheureux qu’il ne saurait rendre lettré, puisqu’il est lui-même sans lettres. Il les assourdit de cris et d’insultes…. Si tu ne peux te passer de faire le maître, va épouvanter de ta grosse voix les bœufs et les ânes. »

Tarsot p. 113

Tarsot p. 114

Œuvres de Rabelaisl Livre 1 chapitre 37

 

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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 09:00

                                       Narbonne

                      Dimanche 27 novembre 2011

MARC 13, 33 - 37

1 CORINTHIENS 1, 3 - 9

MATTHIEU 28, 20

 

Introduction : « Voici, je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps »… Pour moi, la lecture de ce jour a été accompagnée, à chaque mot, de ces paroles de Jésus que nous trouvons dans l’Evangile de Matthieu. « Je suis avec vous… tous les jours… jusqu’à la fin des temps » et reconnaissez que ce n’est pas de trop, compte tenu des jours que nous vivons. A propos de ces jours, justement, voici un commentaire du site « la Bible on line » :  « Les Mayas l'ont prédit. Les historiens le confirment. Les scientifiques en parlent. Les codes secrets de la Bible l'annoncent. Les moteurs de recherche Internet s'emballent. 2012 sera l'année de tous les périls, et d'une grande anxiété. Le 21 décembre 2012, des catastrophes sont annoncées pour faire basculer le monde vers un autre – ou le néant. De toutes les voix qui s'élèvent sur cette question (les « pour », les « contre ») l'Église chrétienne demeure plutôt silencieuse. Est-elle gênée ? Cache-t-elle une information ? A-t-elle au moins une réponse à la peur provoquée par ces propos alarmistes ? Une espérance à offrir ? » Je viens de vous lire la quatrième de couverture d’un livre intitulé : « 2012 : la fin. Le silence des Eglises ». Je trouve franchement ahurissant qu’un site comme celui de la « Bible on line », où le livre est présenté, puisse interpeller ainsi l’Eglise sur un tel sujet. Car l’apocalypse attendue est-elle synonyme d’une fin du monde dans les affres des plus grandes horreurs ? et le chrétien doit-il être, avec l’Eglise, l’annonciateur de jours si terrifiants, que certains se ruinent pour construire des abris secrets farcis de provisions et d’armes pour s’en protéger et survivre ? Est-ce cela qu’enseignait Jésus ? Est-ce ce que Marc a voulu dire à ses contemporains ?

Je tenterai de répondre à ces questions à ma façon. Vous savez tous que, si je suis guérie de ma diplopie, je suis toujours atteinte d’une espèce de strabisme qui ne me permet de voir dans une bouteille déjà entamée, que la moitié du bas, celle qui est pleine. Et c’est dans cette optique, si j’ose dire, que je vous propose d’examiner le texte de Marc.

Nous parlerons dans un premier temps du contexte de notre lecture. Puis de l’attente chrétienne, d’abord comme un temps de confiance donnée, offerte par Dieu, et ensuite comme un temps de confiance reçue, accueillie par les disciples. Et pour finir, nous ferons un petit peu, un tout petit peu de grec juste pour… mais commençons par le contexte des versets que nous avons lus.

 

1) petite apocalypse : contexte : Notre lecture se situe à la fin du chapitre 13 de l’Evangile de Marc parfois appelé « la petite apocalypse ». Jésus annonce la destruction du temple de Jérusalem ce qui suscite de la part de ses disciples, une question au verset 4 : « quand cela arrivera-t-il et que sera le signe que tout cela va finir ? ».  Marc écrit à des chrétiens, peut-être romains ou habitant Antioche de Pysidie, chrétiens, encore liés au judaïsme comme leurs frères de Jérusalem. Nous sommes dans les années 60. Ce sont des gens simples. Ils vivent, depuis des années, si ce n’est des décennies, l’insupportable fardeau d’une persécution violente… Le soleil obscurci, la lune qui cesse de briller et des étoiles qui tombent du ciel au verset 24, par exemple, c’était pour eux, une description de ce qui attendait les dieux que les païens adoraient avec, en parallèle, le triomphe du Dieu unique sur l’idolâtrie ambiante. Ils n’avaient pas une compréhension littérale du texte de Marc.

Comme tous les évangélistes, Marc, quand il écrit, le fait pour encourager ses frères et sœurs chrétiens, dans les affres de la persécution, il veut affermir leur espérance, ancrer leur attente solidement dans les promesses divines et non les paralyser en leur annonçant des évènements sulfureux. Tous aspirent non à des évènements planétaires mais au retour d’une personne, le retour de leur maitre : Jésus, le Christ ressuscité, monté aux cieux, et qui a promis de revenir. Et nul, si ce n’est le père, ne sait le jour et l’heure. L’année peut-être  ? 1975 ? 2012 ? les « sinistrologues » se croient autorisés à prophétiser. Hélas ! même le site de la Bible on line rentre dans ce jeu malsain où l’attente de l’accomplissement de la promesse devient désir fébrile d’une fin du monde cataclysmique où tous ceux qui pensent autrement que soi seront éliminés. Nos contemporains font de ces textes une lecture littérale qui leur colle à la peau, lecture paranoïaque bien dans l’air de notre temps : catastrophe, violence, destruction… eux aussi sont atteints de strabisme. Il faut dire, que pour les soigner, on leur donne toujours en grande quantité des médicaments empoisonnés du type  « horreur dans ton village », « bain de sang chez tes voisins », « les riches plument les pauvres » etc. etc. Ils vivent des séances d’orthoptisme à forte dose qui forcent leur champ de vision, l’orientant uniquement sur une sinistrose qui conforte la maladie oculaire dont ils sont atteints pour le plus grand profit de ceux qui se font passer pour des médecins de l’âme.

 

2) l’attente chrétienne :

- confiance donnée. Il n’en est pas ainsi pour les disciples de Jésus. Pas de cataclysme en vue, pas de sombres attentes, pas de lugubres espérances. Comment pourrait-il en être autrement ? « Je suis avec vous, tous les jours… » impossible de se lamenter quand on est le destinataire d’une telle promesse. « Chacun à sa tache », dit le texte et le portier à son poste habituel : il est à la porte et il veille. Dans cette perspective, les disciples vivent, au jour le jour, dans la certitude de la confiance offerte par leur maitre ; son absence ne les empêche pas de vaquer à leurs occupations journalières, dans la  vigilance certes, mais la confiance de leur maître, parti au loin, les valorise et  le travail attribué à chacun devient une occupation gratifiante ; le pouvoir confié ne les asservit pas, mais au contraire,  les grandit. Aujourd'hui, le maitre m’offre sa confiance, et demain, et après-demain et… que dit mon planning ? 

Gérard Delteil écrit : «Le temps n’est plus où le maitre était là, où il prenait tout en charge, où sa présence assurait la vie. Il part, et les laisse seuls. Livrés à eux-mêmes. Avec toutes leurs questions. Avec  la déchirure et le vide que provoque son absence. Mais aussi le plus bouleversant : c’est par cette absence qu’ils vont devenir des hommes et des femmes adultes, libres et responsables. La disparition du maitre les éveille à leur pleine dimension humaine. (…) le Dieu de Jésus est un Dieu qui s’efface pour ouvrir devant nous l’espace de notre liberté. Le maitre s’en va. Et il leur confie tout ce qu’il a. Il leur donne tous ses pouvoirs. Toute leur vie désormais est sous le signe de cette confiance et de ce don (…) Evangile bouleversant de Jésus. Le Père s’efface pour nous confier toute sa création. Le Père s’efface pour que ses fils et ses filles deviennent adultes, pleinement humains, merveilleusement humains. Evangile du Dieu qui s’en va. » (fin de citation ). La confiance reçue ne les conduit pas dans une impasse ténébreuse et mortelle ; elle les booste, elle les fait grandir, elle élargit leur vie et leur vision de la vie.

- confiance reçue. Marc, ne donne pas la réponse des serviteurs au geste du maitre. Cette sereine et magnifique confiance, offerte, comment est-elle reçue ? Ses lecteurs, à travers les âges (mais il ne savait pas) réagiront à ce texte dans la diversité de leur époque, des dogmatiques enseignées ou tout simplement de leur personnalité. Et nous, comment répondons-nous à ce texte ? Car, il faut le dire, c’est nous, ici, aujourd'hui, qui le lisons et le faisons vivre à la lumière de notre lecture du XXIe siècle. L’un de nous, James Woody, pasteur au temple de l’Oratoire du Louvre témoigne : «  (…) notre Dieu, n’est pas le dieu du destin ou de la fatalité : c’est le Dieu de la promesse. (…) lorsque Dieu nous parle de notre avenir, il n’en parle pas comme de coups du sort qui vont nous tomber dessus. Dieu nous parle de l’avenir comme on décrit un horizon devant lequel on se trouve : Dieu nous dit que notre avenir n’est pas la somme des prédictions des climatologues, des économistes, des sociologues, des astrologues, des politologues, des coachs, instituts de sondages, des essayistes, des polémistes, ni de tous ceux qui ont un avis sur ce que sera demain. Dieu nous dit que notre avenir est d’abord ce que nous en ferons, qu’il est d’abord le fruit du regard que nous portons sur notre présent ; (…) La promesse de Dieu, ce n’est pas une prédiction sur l’avenir, mais la révélation de ce que nous sommes capables d’accomplir, d’ores et déjà, en nous laissant la liberté d’emprunter le chemin que nous voulons pour nous rendre vers cet horizon qu’il redéploye constamment devant nous. D’ailleurs, Dieu est tellement étranger à toute forme de fatalité, qu’il nous laisse même la liberté de ne rien faire de cet horizon ; il nous laisse même la liberté de le refuser, ou de n’en faire qu’un spectacle auquel nous serions tout à fait indifférents. Le Dieu de la promesse est ce Dieu qui ouvre des intervalles entre notre présent et notre futur pour que nous puissions remplir notre vie de ce qui est bon pour nous, de ce qui nous rend heureux, de ce qui favorise la vie » (fin de citation).  Accueillons-nous la confiance donnée dans une confiance reçue féconde,  créatrice, sereine dans la conviction inébranlable que chaque jour, rien n’est jamais joué, chaque jour, rien n’est jamais perdu. Aucune situation n’est sans issue. Pourrait-il en être autrement pour les collaborateurs du Dieu de la promesse, pour le champ que Dieu travaille, pour la construction qu’il édifie lui-même ? 

 

Conclusion  :

Et puisque nous sommes dans une apocalypse (aussi petite soit-elle), mot translitéré du grec, « apocalupsis », et que l’on traduit par « révélation », alors, « Gregoreuo »… dit le grec deux fois dans notre texte. Nous traduisons bien sûr, veillez ! (le premier « veillez » au verset 33, est un autre mot grec). Mais, j’aime assez la translitération de gregorueo : Grégoire, soyez des Grégoires, pourrait-on traduire. Un impératif que le maitre confirme : «  ce que je vous dis, je le dis à tous : gregoreuo »…

 

Ecoutez, en conclusion, cette histoire.

« Dans  le Talmud, Rabbi Josué ben Lévi demande à Elie  où se trouve le Messie. Ce dernier répond qu’il est aux portes de Rome.

- A quoi le reconnaitrai-je, demande le rabbi.

- Il se tient au milieu des miséreux atteints de toutes sortes de plaies, répond le prophète.

Rabbi Josué va donc à Rome pour rencontrer le Messie et l’interroger : « quand viendras-tu » ? Le Messie répond : aujourd’hui.

Rabbi Josué rentre chez lui et dit à Elie que le Messie lui a menti puisqu’il a affirmé qu’il viendrait le jour même et qu’il n’est pas venu.

Elie répond : il a voulu dire, aujourd’hui, si vous écoutez ma voix. » Le Messie vient chaque fois qu’un homme écoute la Torah et l’accueille comme une parole qui lui est intimement adressée. »

 

Voici, « je suis avec vous, chaque jour, jusqu’à la fin des temps… ».

Grégoire, mon frère, Grégoire, ma sœur, veilles-tu ?

Amen.

 

james woody oratoire du louvre 13/11/2011

L’aujourd'hui de l’Evangile. Page 400

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26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 09:35

Chers ami(e)s

Et si nous allions faire, cette semaine, un voyage en Corée du Sud ? je sais, vous avez le mal des transports ? Moi aussi. Extra ! les voyages sur la toile ne rendent pas malades. Nous pourrions même aller faire un tour dans l’espace, pas de mal de l’air… donc, à partir du 30 octobre et jusqu’au 8 novembre, je vous propose de suivre les rencontres de la 10è assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Eglises. Si le cœur vous en dit : http://busanallerretours.blogspot.fr/  

Et pourquoi pas une balade sur le site du C.O.E ? http://www.oikoumene.org/fr

 Si vous n’avez pas eu le temps ou l’envie de suivre la première semaine des cours sur Calvin, quelques nouvelles : plus de 8000 participants, très actifs sur le forum, de tous âges, tous horizons professionnels, et (presque) de tous les pays « terriens » ! Vous n’allez pas le croire, un certain nombre ont choisi de le suivre pour améliorer leur français, avec des enseignants suisses !!!! ça c’est un scoop non ? J’ai eu beaucoup de plaisir à visionner les 9 vidéos (de 10 à 15 minutes chacune) et répondu au quizz sans difficultés. Il faut dire que c’est d’une facilité ! Cycle terminé en deux jours. La suite, lundi prochain. http://www.unige.ch/theologie/actualites/mooc.html

Le Cep d’octobre nous encourage au sourire avec l’adresse du blog d’Etienne Jung, dessinateur humoristique. Vous connaissez Ramona Lisa ? non, sans blague ? sa « photo » est sur le blog : http://etiennejung.blogspot.fr/

Evènement de taille, demain à Narbonne pour le culte de la réformation (10 h 30) : la chorale de Walheim sera là, au complet. Ce n’est pas le Walheim des « 3 sœurs », l’alsacien. J’ai en effet trouvé un site de contes alsaciens dont l’un s’intitule « le chevalier en colère ou les trois sœurs de Walheim » : http://ecole.hirsingue.free.fr/html/contesd.htm#chevalier walheim. Joli site pour lire des histoires…

Et si vous aimez la chorale, n’oubliez pas qu’elle se produit à la cathédrale de Narbonne, demain dimanche 27 à 18 heures.

A Perpignan, culte de la réformation avec sainte cène demain à 11 h. Nicola sera dans la paroisse qui offre l’orgue, et prêchera pour la première fois en allemand. Nous l’accompagnons avec joie dans la prière.

Jo la pêcheuse est de sortie, « daurades garez vos abatis »… évacuer cet horrible reportage sur le Katar vu jeudi soir dans « Envoyé spécial ».

En train, en voiture, en bateau, en avion, à vélo,  pied, sur la toile ou dans votre tête, allez d’un pied ferme et assuré. Notre ami le plus cher est là, et par-dessus votre épaule, il répond au sourire de « Ramona. Sentez-vous son souffle chaleureux et bienveillant ?

 Amitiés

Jo

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 09:58
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LES MAINS JOINTES

 

 

IL M’EST DOUX (1894)

 

Mon Dieu ! Il m’est doux, ce soir, d’entrer dans le silence et de me recueillir devant toi. C’est là que tu me parles et que mon cœur comprend mieux ce que tu lui veux.

J’ai marché, j’ai vécu, j’ai souffert ; je t’apporte mon âme souffrante et ce fardeau de péchés que tu connais seul. O Dieu ! fortifie-moi. Rends-moi sincère et droit. Tu es près de ceux qui te cherchent ; sois près de moi qui suis chargé d’enseigner aux autres qu’il n’y a qu’une paix, c’est de te connaitre et t’aimer. Toi seul, ô mon Dieu…

Convertis-moi, ô Dieu ! Chacun s’en va son propre chemin, poursuivant sa propre chimère : convertis-moi à ta sainte réalité. Enseigne-moi le secret du bonheur humble, la paix qui consiste à être serviteur des autres et non à dominer. Fais-moi bien comprendre que ton royaume consiste dans la fraternité de tous ceux qui t’aiment, et délivre-moi du mal qui m’empêche d’être vraiment ton enfant.

CHANT DU MATIN (1913)
Dieu de l’alouette, dont le chant est une prière, avec elle mon âme chante et monte vers toi.
Que sait-elle de l’impression qu’elle me produit ? Que se passe-t-il en son être frémissant quand, ivre de lumière et perdue dans les plaines azurées, elle pousse des cris qui sont pour moi des alléluias ? Impossible de rien en savoir. Mais je suis fait ainsi : ce chant me parle. Malgré moi il m’inspire et me transporte. Il s’élève, se répand, plane sur les champs, sur les sillons où peine le laboureur, où la moisson mûrit.
Au tableau du labeur humain ce chant ajoute un signe d’espérance. Avec cette voix qui monte, toute la création en travail gravite vers la clarté. Les germes obscurs dormant sous la terre, les ébauches de vie et de pensée sommeillant aux limbes de nos âmes, comme des nouveau-nés dans les blancs berceaux, tout ce qui cherche, aspire et s’efforce, est résumé dans cette montée et dans ces battements d’ailes, dans ton chant, petite alouette qui ne nous connais pas, mais que tous nous aimons et que Dieu seul comprend.
Soutiens nos âmes ! Sur tous nos combats, nos souffrances, nos deuils même, fais planer la douce et divine espérance, ô Dieu de l’alouette !

 

 

 

JE VIENS A TOI (1913)

 

Toi seul juges et connais, je viens à toi et me réfugie en tes abris que nulle force ne viole.

Je veux te dire ce que personne ne comprend et ne peut partager.

Fille du soleil, la fleur cherche le soleil ; ta fille, mon âme, te cherche, ô Père.

L’être caché que je porte en moi te réclame.

Ce qui en même demeure innommé te cherche, Inconnu aimé, en qui plongent nos racines. J’ai soif de toi. De toutes mes fibres, je t’appelle. Toutes mes ténèbres pressentent ta Lumière.

Ma misère est un abîme, ton amour en est un autre ; il faut qu’ils se rencontrent.

Déjà tu m’aimes, puisque je vis. Ton aile me couvre. Le germe obscur qui sommeille attend ses ailes aussi. Son jour viendra.

Ta chaleur me pénètre, ta tendresse m’environne.

Je suis encore de la nuit, mais de la nuit où s’élabore une aube. Je suis encore incertain et déjà tu m’es certain. 

Mon devenir est tout baigné de ton éternité. Si je m’ignore, tu me connais, et cela me suffit.

Douceur puissante qui mènes les mondes, tous mes secrets te sont connus ; tous mes chemins, je te les confie.

Et je suis heureux d’être un passant, puisque tu me conduis par la main, toi qui demeures.

 

TU NOUS AIMES (1913)

 

Tu nous as aimés le premier ; avant que nous ne fussions, avant nos pères, avant les débuts obscurs dont sortit l’humanité, tu nous as aimés.

Mieux qu’une mère en espérance d’enfant qui pense à l’inconnu qui sommeille en elle, tu nous as aimés d’avance  et portés.

Car nous sommes ton espérance et nous sommes ta crainte, ta joie et ta douleur.

Malgré l’immense peine que tu subis par nous, tu nous as voulus et tu nous veux encore, toujours. A travers les obstacles, les mêlées, les chemins perdus, les gouffres, les ombres de mort, tu nous veux, tu nous mènes, tu communies avec nous. Tu nous aimes victorieusement, avec une puissance devant qui tout cédera. Tu boiras avec nous les calices, tu combattras tous les combats, tu descendras dans toutes les tombes, jusqu’à la fin ; et la fin sera bonne.

Que sommes-nous pour embrasser du cœur ton amour et nos destinées ?

L’un et l’autre sont plus loin que la portée de nos regards. Mais nous t’aimons du fond des nuits, ô notre étoile immortelle et vivante.

De toutes nos infirmités, nous aimons ta force ; de toutes nos laideurs, nous aimons ta beauté. Nous t’aimons comme le désert aime la source, comme le désespoir aime le salut, comme le pèlerin aime l’ombre, et le malade, la santé.

 

DIEU VOILÉ (1916)

 

Plus je te connais par le sens intime, garant de ta présence, et mieux je me rends compte que de te laisser ton voile, c’est te respecter vraiment, Dieu des clartés merveilleuses et Dieu des mystères !

Je n’ai pas besoin que tu répondes à mes pourquoi, mais seulement de penser que tu en connais la réponse. Ignorer n’est pas une torture pour moi qui est sûr que tu sais.

Je peux fermer mes yeux puisque les tiens sont ouverts. La nuit près de toi  n’est plus la nuit pleine d’effroi ; ta tendresse est tissée dans son ombre et lorsque c’est toi qui te tais, ton silence est de l’amour autant que ta parole.

 

DIEU SE FAIT HOMME (1916)

 

Je ne peux te penser qu’avec des moyens humains, lors même que je te verrais pas en esprit, sous une forme mortelle et semblable à celle de mes frères.

Et si tu veux t’approcher de moi, ne faut-il pas que tu descendes aux sentiers de la terre ? Pour me parler, ne dois-tu pas employer les termes de ma langue maternelle ? Autrement qui te comprendrait, puisque l’homme est un muet et un sourd pour son propre semblable s’il n’en saisit pas le langage ?

C’est pour cela que tu t’es fait homme et que tu as marché parmi nous sous les traits du Fils de l’homme.

En somme, depuis que tu nous cherches, tu emploies les mêmes moyens : Tu viens à nous.

Tu es venu vers nous par les créations matérielles, les splendeurs et la magnificence des cieux. tu es venu à nous dans les aubes où les âmes se dégagent des ombres, dans les joies et les peines, dans les liens de la vie familiale, dans la personne des justes qui sont nos guides et nos frères ainés.

Tu as marché, lutté, souffert et chanté parmi nous. A travers nos jours éphémères à transparu ton sourire qui demeure et tu  nous as fait boire aux coupes d’ici-bas, qu’elles soient douces ou amères, un breuvage où fermente ton espoir éternel.

Tout être qui se donne fait un geste divin ; à travers la poussière des héros et des martyrs, tombés pour les causes justes, brillent des rayons d’or ; dans chaque regard d’enfant tu as mis ta promesse et les vaincus du droit t’attendent dans leur tombeau.

Sois béni, Dieu qui te fais homme pour être plus près de nous, comme, dans les épis mûris sous ses caresses, ton soleil se fait pain afin de nous nourrir.

 

LE DIVIN DANS L’HUMAIN (1916)

 

Si ta présence nous paraît moins sensible, n’as-tu pas mis près de nous tout le divin dans l’humain, comme un gage permanent et un réconfort ?

Quiconque a bien vécu, aimé sincèrement, combattu vaillamment, travaillé dans l’espérance, est près de nous ton envoyé.

Tu t’éveilles sous nos pas, dans les fleurs et dans les berceaux de nos maisons.

Tu es avec nous dans tout ce qui nous environne. Et si les ailes nous manquent pour monter dans ta lumière, tu te fais le bâton qui dirige nos yeux aveugles et soutient nos pas chancelants.

 

JE CROIS EN TOI (1899)

 

Je crois en toi, mystère ineffable qui t’abrites sous ce monde visible et dont nulle pensée, nulle espérance hardie n’a jamais atteint qu’un pâle reflet. Et nous y avons tous part, depuis les derniers jusqu’aux premiers.

Tous sont dans la main de Dieu et nulle puissance de néant ou de terreur ne peut les en arracher.

 

LE MEILLEUR (1916)

 

Le meilleur de ce que je pourrai penser de Toi n’atteindra jamais ce que tu es et ce que tu veux pour moi, ni la somme de ton amour et la mesure de ce qu’il prépare pour moi. Et moi c’est nous. Je suis à toi et tous sont à toi, ceux dont tu es connu et ceux que tu connais sans qu’ils te connaissent ; ceux qui t’aiment et ceux que tu aimes sans retour.

Il peut se produire telles circonstances, je le sais, où faute de clarté suffisante, réduit à une misère extrême et atroce, je ne te sente plus là et n’éprouve plus ton amour. Tu seras là tout de même et tu feras pour moi ce qui est ton mystère. Ta pitié égalera, dépassera toujours mon malheur et ta grâce suppléera à mon néant.

Tant que nous sommes deux, tu mets la plus belle part ; quand je ne serai plus qu’une chose inerte ou douloureuse, tu mettras tout : la somme sera la même.

Père, conduis-moi dans ces chemins de guerre et révèle-moi ce que j’ai besoin de dévoiler aux autres. Guide le guide, inspire le chef ; alimente la source.

Pour donner il faut avoir reçu. Certes, conquérir à la sueur du front, c’est nécessaire, légitime. Gagne ton pain, m’ordonnes-tu, si tu veux pouvoir en offrir.  Mais il y a aussi ce qui vient de toi seul et que personne ne peut créer ni acquérir.

Environne mon âme d’une bonne clarté qui vient de toi, afin qu’en s’approchant de moi mes frères y voient plus clair.

 

A TA DISPOSITION (1914)

 

Père, avant tout, je demande que la Foi simple et filiale en toi me soit conservée et augmentée, ainsi que la foi dans l’œuvre humaine que, par ta volonté, nous accomplissons ici.

Donne-moi d’être à ta disposition tous les matins et à celle de mes compagnons, dans la clarté comme dans les ombres ; dans la force et dans la faiblesse ; dans la joie et dans le deuil, les misères et les angoisses.

Mets-moi au cœur une source inaltérable, afin que je puisse aimer avec ma richesse ou ma pauvreté, au mieux des circonstances changeantes, et souffrir ou agir de bon cœur, sûr que tu es avec nous et que, par toi, tout le mouvement immense et déconcertant du champ de bataille où nous sommes, s’organise et se concentre vers la victoire.

T’aimer du sein des crépuscules, c’est le salut et c’est la vie.

 

JE VOUDRAIS ETRE PLUS CONFIANT (1907)

 

Père, Tu connais ce que j’ignore. Tu sais quel est le terme de mes jours. Je voudrais te servir longtemps encore dans ce monde où ta volonté nous a tracé notre carrière. Mais qui connait les limites où s’arrête sa force ? Certains avertissements semblent m’être donnés. Serait-ce déjà le soir ?

Question troublante. Pourquoi faut-il que je me la pose ? N’est-ce pas un manque de confiance que de se demander ce que sera le lendemain ? Quel qu’il soit, ne faut-il pas que, par ta grâce et ta force, il contribue à notre bien ?

Je voudrais être plus confiant, plus enfant et plus patient aussi. Mon âme est dans les crépuscules. C’est un temps de crise et d’épreuve. Tiens-toi près de moi, Père de tous les jours. Pourvu que tu sois là, compagnon aimé, témoin éternel ! Vivre et mourir, marcher et s’arrêter, souffrir et être heureux, tout est bon si c’est avec toi que nous y allons.

Etends sur moi ta main puissante et délivre-moi des misères qui proviennent du manque de foi. Fortifie mon homme intérieur pour que je puisse fortifier les autres et être un refuge, que j’agisse ou que je souffre, que je parle ou me taise, que je reste ou parte.

 

TA VOLONTE (1913)

 

Que ta volonté, ô Père, soit faite sur la terre comme aux cieux.

Puisque le meilleur de notre vie est de faire de son mieux et de s’en remettre à toi, même de ce qui suivra lorsque nous n’aurons pas fait de notre mieux, pourquoi y aurait-il une autre règle pour l’autre vie ? Certes elle sera différente en ce qui nous concerne. Mais elle s’accomplira dans le domaine de ta volonté et de ta sagesse. Il en sera donc ce que tu voudras. Ta volonté est ma paix et mon refuge.

Pourvu que tu sois au gouvernail, la barque de nos destinées est en sureté, en deçà comme au-delà de cette ligne mystérieuse de l’horizon qui, pour nous, sépare ce qui est de ce qui sera.

Sur Toi je me repose.

 

AU-DELA (1913)

 

Les pères, à travers leur faiblesse, ont cru à des mystères consolants, et ta lumière a lui dans les crépuscules de leurs symboles et de leur entendement. Ta force a été puissante en leur faiblesse.

Il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps. Si notre vie se prolonge, ce sera de quantités finies et tes réalités nous dépassent de quantités infinies. Il faudra toujours le long regard de la Foi, qui pénètre au-delà de toutes les choses visibles. Heureux ceux qui n’ont pas vu et croient.

Croire en Toi, c’est la vie.

C’est la grand pas, par lequel se conquièrent les immensités ; c’est le courage auquel est promise la victoire.

 

DOULEURS REVELATRICES (1914)

 

Mes douleurs m’ont donné une lointaine idée de ce que tu souffres, Toi sur qui sont toutes les douleurs de tes enfants.

Et j’ai eu des heures de vue lointaine et radieuse pour entrevoir les splendeurs d’espérance que tu maintient en réserve.

Ne me laisse jamais oublier ni l’une ni l’autre, ô Dieu des écrasés et des vaincus , à qui l’avenir est promis, certain !

 

CROIX (1913)

 

Soutiens-nous afin que nous restions fidèles à nous-mêmes dans l’insuccès. Nous avons, au jour le jour, fait ce que nous pouvions et devions. Que cela nous suffise ! Il n’était pas permis de choisir un autre chemin, de donner un autre conseil. Nous ne pouvons même pas souhaiter d’avoir agi autrement.

Si c’est une croix douloureuse d’être mal jugé, portons cette croix. Les meilleurs l’ont portée. Rappelons-nous le Maître.

Peut-être, par nos douleurs, comprendrons-nous mieux les siennes et celles de toutes les victimes des jugements obtus, de tous ceux qui récoltèrent du mal pour avoir semé du bien, ou suscitèrent des haines en répandant l’amour.

 

CHRIST BLESSE (1914)

 

Je t’aime, ô Christ, dans ton anonymat sublime, toi qui es grand de tout ton effacement et qui es plus que quelqu’un à force de n’être personne.

Partout où un être laisse transparaitre l’éternel dans l’éphémère, tu es celui-là, et celui-là c’est toi.

Et tu renais toujours, quoique tu ne renies rien de ton passé. Tu n’es pas quelque pâle ressuscité, tout vacillant encore de mort, mais un vainqueur de la mort, en vérité.

Et cependant, ce que tu as de plus beau ce sont tes blessures. Je t’aime couronné de lumière où brillent tes épines, où tes meurtrissures lancent des feux.

Et les gouttes de ton sang sont une pluie d’étoiles.

 

L’ETERNEL EST VIVANT (1914)

 

Même de loin, un reflet de ta clarté nous réchauffe et fait croître nos ailes. La seule chose que tu ne veuilles pas, c’est que tes créatures désespèrent d’elles et de leur destinée, car ce serait désespérer de toi et manquer à ton honneur. Et tu ne veux pas que personne ne condamne ou en exclut un autre pour ce qu’il pense dans son infirmité. T’aimer, avoir confiance en toi, et le dire et le prouver comme nous pouvons, voilà le vrai.

Sois béni d’avoir fait marcher avec nous, par nos chemins, Jésus-Christ.  Dans nos ombres sa figure luit comme une aube.

Il est bien resté avec nous, comme il le disait. Il est vivant. Pourvu que nous vivions de cette belle vie, nous sentirons en nous l es germes de ce qui ne saurait périr.

Quelque chose d’immortel ira pénétrer dans notre substance éphémère, et nous saisirons ce qui demeure, à travers ce qui se passe.

Il nous a dit d’être fidèles dans les petites choses, de nous aimer les uns les autres et de t’aimer sa réserve ni mesure.

Donne-nous de pouvoir nous imprégner de son esprit comme d’une atmosphère vivifiante. Alors tout, le passé obscur, le présent chargé d’ombres et l’avenir voilé seront de la lumière.

 

SECURITE (1914)

 

Père, c’est pour toi que tu nous as créés, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il se repose en toi. Tout autre repos et toute autre paix est à la merci des évènements. Un message venu de l’Orient ou de l’Occident peut nous annoncer que notre joie est détruite.

Et c’est un esclavage douloureux que d’être exposé ainsi à des nouvelles qui nous signifient que ce qui était n’est plus et que ce qui paraissait ferme est caduc.  Que reste-t-il d’autre à l’homme que d’être le  jouet de forces plus grandes que lui ? L’inquiétude n’est-t-elle pas son sort naturel ? Sa faiblesse ne l’expose-t-elle pas à trembler devant des menaces nombreuses, à se méfier de toutes parts, à jeter autour de lui des regards inquiets ?

D’une pareille vie, Seigneur, délivre-nous ! Convertis-nous de l’aléatoire à ce qui est certain, de ce qui trope à ce qui tient promesse.

Ne permets pas que nos cœurs s’attachent à ce qui ne saurait durer et bâtissent sur ce qui doit s’écrouler.

Notre espoir est en Toi. C’est en Toi qu’est enracinée notre destinée. Sur ta vie puissante et que rien, jamais, ne saurait atteindre, notre vie est greffée.

Les forces amies sont celles qui nous conduisent vers Toi ; les bonnes nouvelles sont celles qui s’éclairent de ton sourire.

Aie pitié de nous qui sommes flagellés par les angoisses. Assure-nous en Toi. Cache-nous dans ta forteresse. Abrite-nous sous tes ailes. Et sois-nous une retraite sûre et un libérateur. 

 

 

RESTE AVEC MOI (1917)

 

Reste avec moi, voici les jours mauvais ; voici les ombres qui descendent sur le chemin.

Les choses autour de moi prennent leur figure sévère et l’angoisse envahit mon âme.

Bonté certaine qui réchauffe et soutiens, ne me quitte pas ; que cette heure soit ton heure et que je te sente plus proche en des moments plus douloureux.

S’il faut lutter, combats avec moi ; s’il faut souffrir, souffre avec moi. Pourvu que tu demeures, je ne manquerai de rien.

Sous tes ailes ! cache-moi sous tes ailes pendant que rage le flot et passe la tempête. Ne suis-je pas avec toi ?

Quelle puissance peut renverser notre alliance ? A toi seul je me confie et m’abandonne.

Le trouble est éphémère, ta paix est éternelle.

A travers les passes difficiles, ta main me conduira au port avec tous ceux que j’aime et qui peinent avec moi.

Reste avec eux, reste avec nous.

 

TOUT (1915)

 

Père, je remets toutes choses en tes mains. Fortifie les miennes pour l’œuvre en sous-ordre qu’elles ont à accomplir et remplis mon cœur de ta paix, ma volonté de ton pouvoir.

Je veux te promettre, en ces changeantes vallées où toi seul, compagnon fidèle, ne changes pas, de m’en tenir à Toi, sans jamais douter de ta présence et de ta puissance.

Si les jours apportent du réconfort, fais que je t’en sois reconnaissant et y fasse participer les autres.

Si les jours apportent de la peine, aide-moi à la porter ; si les heures amènent de l’angoisse, donne-moi la main, afin que je me sente rassuré.

Je ne veux plus dépendre d’autre chose que de toi et de ta grâce immortelle. Ainsi je ne suis indifférent à rien, mais dans tout, je te retrouverai. Tu seras dans mon bonheur le plus grand ou le plus petit ; tu seras ma lumière si le soleil fuit mes sentiers. Tout est incertain ; ton amour et ta grâce sont seuls certains.

 

LOUANGE (1912)

 

Père, merci du don royal de la vie ! Je ne l’ai pas toujours apprécié à son prix : pardonne à mon aveuglement. J’en ai perdu de belles parts ; j’en ai mal employé d’autres et je baisse les yeux devant ta souriante bonté.

Tu m’as comblé de biens. Tu m’as donné un cœur vibrant, croyant, aimant. Tu m’as touché de ta main puissante et je t’ai éprouvé comme si je te serrais dans mes mains, te voyais de mes yeux, t’entendais de mes oreilles.

Mes souffrances mêmes m’ont conduit vers toi comme des sentiers sûrs qui montent vers les sommets. Tu m’as donné un foyer, des enfants, des amis, la foi en Toi et dans les hommes par l’esprit du Fils de l'homme, mon compagnon, mon frère, la joie du travail, la force, la santé. Tu m’as permis de rester simple et de garder mon âme jeune et des goûts sains.

Tu m’as pardonné toutes mes fautes, misères et manquements graves et tu m’as garanti des pièges que dresse notre propre égarement ou que prépare la malice d’autrui. Tu as permis que je discerne le mal et les laideurs sans en être frappé par trop. Tu m’as renouvelé tous les jours l’espérance, le courage, le don joyeux de sourire et d’oublier les offenses. Tu as garni mon sentier d’amis, comme la treille est garnie de grappes, pour que je puisse aimer et être aimé, infiniment, noblement, divinement. Tu m’as mis un chant sur les lèvres et une source dans le cœur, une source intarissable où sont venus boire tant d’altérés que la source elle-même en tressaille de bonheur. Tu m’as mis une flamme dans la poitrine et permis d’éclairer, de réchauffer, d’avertir même de loin. Tu as mis dans ma bouche mortelle des accents immortels. Tu m’as inspiré, guidé, porté.

Je n’étais qu’un enfant, de bonne heure orphelin. La main de mon père n’a pas pu prendre ma main. Mais tu l’as saisie. Des voix perverties ont parlé à mon enfance et appelé ma jeunesse : ta voix silencieuse a été la plus forte ! Ta bonté, je la sens et je ne puis la dire : elle me déborde. Je t’aime avec ma poussière, ma douleur, ma faiblesse, mes souvenirs, mes repentirs. Je t’aime avec mon espérance, ma foi, avec ce que j’ai d’immortel.

Mes jours peuvent s’incliner vers leur soir ; la clarté passée me suffit. Reste avec moi, c’est ma seule prière. Je ne demande rien d’autre, ni pour maintenant, ni pour demain, ni pour après la mort. Pourvu que je sois à toi !

Garde et augmente-moi la douce confiance. Mets ta douceur dans mes yeux, dans mes mains, dans ma pensée, afin que je puisse rayonner sur tous les blessés, et mettre de la clarté dans les âmes pleines d’ombres. Prends-moi tout entier. Dans les joies, les peines, sur les sommets, au fond des vallées et des gorges, chemine avec moi. Tout est là.

O lumière immortelle et sublime, douceur infinie, tendresse immense qui partages tous nos fardeaux et prépares des moissons inouïes dans nos obscures semailles, sois louée. Mon âme monte à toi, en toi et te magnifie, comme l’alouette monte dans le ciel bleu et s’enivre d’espace, de soleil et d’alléluias.

 

DERNIERE PRIERE (1918)

 

Je t’ai aimé dans la fleur des champs, dans les étoiles du ciel, dans le monde intérieur, dans tes pauvres enfants, dans toute forme périssable qui traduit une réalité éternelle.

Maintenant je ferme les yeux à cette révélation dans l’éphémère ; je m’endors pour les choses qui ne sont que d’un temps.

Accueille-moi près de toi dans celles qui sont pour toujours.

 

QUAND JE DORMIRAI (1918)

 

Quand je dormirai du sommeil qu’on nomme la mort, c’est dans ton sein que j’aurai ma couchette. Tes bras me tiendront comme ceux des mères tiennent les enfants endormis. Et Tu veilleras.

Sur ceux que j’aime et que j’aurai laissés, sur ceux qui me chercheront et ne me trouveront plus, sur les champs que j’ai labourés, Tu veilleras.

Ta bonne main réparera mes fautes. Tu feras neiger des flocons tout blancs sur les empreintes de mes pas égarés ; tu mettras ta paix sur les jours évanouis, passés dans l’angoisse ; tu purifieras ce qui est impur.

Et de ce que j’aurai été, moi, pauvre apparence, ignorée de moi-même et réelle en toi seul, Tu feras ce que tu voudras.

Ta volonté est mon espérance, mon lendemain, mon au-delà, mon repos et ma sécurité. Car elle est vaste comme les cieux et profonde comme les mers ; les soleils n’en sont qu’un pâle reflet et les plus hautes pensées des hommes n’en sont qu’une lointaine image. En Toi je me confie. A Toi je remets tout.

 

 

 

 

 

       

 

 

 

 

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