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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 21:35

Demain, 10 octobre, 60 ans que mon papa est mort ; j'avais 4 ans... A cette occasion, et parce que le papa de Geneviève vient, lui aussi de partir, j'ai relu quelques textes.

 

Voici un texte d'exhortation aux adultes qui cotoie l'enfant extrait de "Communion" bul letin trîmestriel de la Communauté des Diaconesses de Reuilly.

 

"

Aide cet enfant à pleurer

 

Où es-tu ?

Peut-être est-ce la question que tu voudrais poser à ce petit enfant là devant toi ?

Peut-être son attitude te surprend-elle ? Il semble « ailleurs », tantôt dans le passé, tantôt dans le futur, tantôt enfermé dans ses pensées et dans ses rêves, tantôt entraîné dans ses aventures qui te font peur, où il semble vouloir braver la mort. Peut-être voudrais-tu le ramener ici et maintenant, faire de lui un bon écolier, attentif et courageux. Sais-tu pourquoi il ne le peut pas ?

 

Où es-tu ?

Peut-être est-ce la question que tu voudrais crier quand tu ne le sens pas là, quand tu sens qu’il est dans un lieu où tu ne sais pas comment le rejoindre . sais-tu pourquoi il a besoin de s’enfuir ?

 

Sais-tu ce que cet enfant vit ?

Sais-tu quelle est la grande question de ce petit d’homme, quelle est la question qui le hante et le taraude jour et nuit ?

Sais-tu que cette question est pour lui insupportable, sais-tu que cette question gagne et envahit toute son épaisseur psychique et physique ?

Sais-tu que cette question est la même que la tienne :

Où es-u, toi qui es mort ?

 

Où es-tu ?

Où es-tu ? voilà certainement l’une des grandes questions que se pose tout être confronté à la mort d’un très proche.

Cette question, tu te la poses, mais lui, ce petit enfant, précocement endeuillé par la mort d’un si proche, par le départ de celui dont la présence était si capitale pour son développement, de celui qu’il aimait tant, n’a pas les mêmes ressources que toi.

 

Et maintenant, toi, tu es là, adulte devant lui. Tu feras, je le sais, tout ce que tu pourras, c’est certain.

Mais je t’en prie, si tu ne comprends pas, si tu ne sais pas quoi faire, si tu ne sais pas quoi dire, si tu n’as rien à expliquer devant ce grand mystère de la mort et de la vie, si tu n’as pas de réponse à cet « où es-tu »’, et à tous les pourquoi de cet enfant, alors, ne dis rien ; sois là, avec ton cœur qui sait aimer, simplement, je le sais, c’est assez pour lui.

 

Et maintenant, toi, tu es là, adulte devant lui. Tu feras, je le sais, tout ce que tu pourras, c’est certain.

Mais je t’en prie, épargne-lui les consolations à bas prix, épargne-lui les « ça passera », « ce n’est rien », ce n’est pas si grave à côté du reste du monde ».

Ne cherche pas, ne cherche surtout pas à l’empêcher de souffrir, ne cherche pas à gommer sa peine, à la noyer comme si elle n’était pas, ne cherche pas à l’empêcher de pleurer.

Tu sais bien comme moi tout le temps dont il aura besoin, tu sais bien comme moi quelle tragédie il a vécue.

Face à ce drame, ne cherche pas à être quelqu’un d’autre ; mais sois là.

Je t’en prie, fais pleurer cet enfant.

 

Soit là pour légitimer sa douleur ;

Sois là pour qu’il entende qu’il a raison d’avoir de la peine, que sa souffrance est fondée, qu’il a le droit de pleurer, qu’il y a de quoi pleurer.

Il a besoin d’entendre que c’est très grave.

Il a besoin de voir dans tes yeux que tu comprends cela.

Il a besoin d’entendre dans ta voix que tu le prends au sérieux dans son drame.

 

Et peut-être, quand tu auras pu, simplement, être là, avec lui,

Et peut-être, quand tu auras pu, simplement, pleurer avec lui,

Alors certainement entendras-tu ces quelques mots, de tous petits mots, mais de si grands mots :

« Je voudrais qu’il soit là, près de moi, grand-papa »

Je t’en prie, fais pleurer cet enfant.

 

C’est alors, je le crois, dans ton cœur aimant qu'il pourra trouver la force de vivre ; c’est alors je le crois, qu’au creux de ce grand mystère, où mort et vie se côtoient, il pourra recevoir la joie de vivre et de donner la vie.

 

Communion n° 188/189 page 51-53"

 

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 21:32

Cher(e)s ami(e)s,

 

Etes-vous comme moi ? il y a tant de versions des Ecritures qui me sont inconnues. L’histoire de la transmission des Ecritures reste, pour moi, quelques grandes lignes auxquelles il manque de nombreux chaînons. Le Quintuplex Psalterium de Lefèvre d’Etaples est l’un d’eux ! Non pas que je souhaite «savoir » mais il me semble que ces travaux qui ont pris (dirai-je « volé ») parfois, la vie tout entière de celui qui les a menés à bien méritent que nous examinions de plus près ce qu’ils sont, qui était l’homme derrière tant d’efforts, (j’aurais aussi aimé dire « la femme » mais…), pourquoi s’est-il jeté à corps perdu dans un tel travail, et surtout, non pas tant la forme bien que certaines sont la preuve indéniable d’une avancée dans la pensée humaine, mais le fond. Que nous apportent ces ouvrages à nous aujourd'hui ?

Evidemment, j’ai lu, comme la plupart d’entre vous le « une Bible, pourquoi tant de versions » de Kuen mais c’est loin d’être suffisant. L’Esprit a inspiré des hommes qui se sont levés, qui ont œuvré à une meilleure approche des Ecritures et au moins, pour cette raison-là, cela ne vaut-il pas la peine, nous aussi, de faire un grand tour, ou un détour, comme vous voulez, pour visiter et recevoir ce que l’Esprit a inspiré ?

Il est un peu tard pour le faire aujourd'hui, mais demain, pourquoi pas ?

 

 

chaine accrochée à une pierre

Une longue chaîne… d’« aimants  Dieu » (numéro 019)

 

Combien de maillons de la chaîne souhaitez-vous voir ? Où se trouve le premier maillon ?

Et vous ? Où êtes-vous ?

 

JACQUES LEFEVRE D’ETAPLES (# 1450 – 1537)

        

            « Tandis que presque toutes les études portent avec elles du plaisir et de l’utilité, les études des choses divines seules ne promettent pas seulement du plaisir et de l’utilité, mais une félicité suprême. Pendant un long espace de temps je me suis attaché aux études humaines, et j’ai à peine goûté du bord des lèvres, comme on dit, les études divines (car elles sont augustes et ne doivent pas être approchées témérairement), mais déjà dans ce lointain une lumière si brillante a frappé mes regards, qu’en comparaison les doctrines humaines m’ont semblé des ténèbres, elles m’ont paru exhaler un parfum dont rien sur la terre n’égale la douceur ».

        

Lefèvre d’Etaples fut un humaniste et un mathématicien reconnu et célèbre pour ses cours biens qu’on lui reprochât de n’être que « maitre es arts » et non sorboniste, ce qui explique les lacunes de ses traductions. Mais oser se lever contre l’autorité de la version officielle, celle de la Vulgate, c’était faire preuve d’un courage rare.

 

D’autre part, il voulait de toutes ses forces mettre à la disposition de ses contemporains des livres qui leur serait utile. Il fut un véritable « rat de bibliothèque », recherchant sans cesse dans les bibliothèques des couvents des ouvrages qui tombaient en miettes… pour les réimprimer et les diffuser.

 

Il est aussi du temps où une nouvelle science de l’exégèse biblique voit peu à peu le jour. Ses commentaires, particulièrement ceux des épitres de Paul, christocentriques et orientés vers l’affirmation de la grâce divine ont fait de lui, pour certains une préréformateur, pour d’autres, un des pères de l’exégèse catholique moderne. Par exemple, dans son Quincuplex Psalterium, il tente avec succès de rompre avec l’exégèse médiévale des quatre sens de l’Ecriture[1] ; les psaumes sont pour lui des chants messianiques, des prédictions sur Jésus-Christ. Mais ce serait une erreur de dire que cet ouvrage est un ouvrage réformateur, car il reste sous bien des facettes un ouvrage catholique.

 

Lefèvre d’Etaples finit par soulever une très forte opposition qui trouvera un écho dans un arrêt rendu contre lui lorsqu’il affirme qu’il y a trois « Marie » dans les Evangiles et non une, remettant ainsi en cause toute une liturgie consacrée à « Marie ». Il n’attaque pourtant pas l’Eglise catholique romaine, il souhaitait seulement un « renouvellement de l’Eglise où il espérait faire revivre le Saint-Esprit, refleurir les vertus chrétiennes sans secousse ni scission, en répandant la connaissance et l’amour des saintes Ecritures.

 

Il fut bien entendu l’initiateur du cénacle de Meaux (et non Erasme comme je le disais dans l’étude précédente). Et même si l’opinion publique le place aux côtés d’Erasme, de Mélanchton et de Luther, il ne s’est jamais ouvertement déclaré protestant. Cela ne remet nullement en question tout ce que lui doivent les Eglises protestantes.

 



[1] Littéral, allégorique, tropologique, et anagogique.

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 21:25

Edouard Babut, pasteur de l'Eglise Réformée à Nîmes, dans son livre : "Sermons" soulève une question inédite pour moi : "Le souvenir dans  la vie future"... Lecture dépassée ? FAut-il laisser la méditation mourir sous la poussière sans y toucher ? C'est à vous d'en décider. La voici.

 

Le souvenir dans la vie future
« Souviens-toi !. . . »
(Luc 16.25)
Deux mots dans nos traductions du Nouveau Testament, un seul dans l’ori-
ginal. Si je prends un texte aussi court, ce n’est pas pour en faire un thème sur
lequel je puisse broder tout à mon aise, c’est parce que ce seul mot, étant adressé
à un mort par un autre mort, appelle notre attention sur un sujet singulièrement
digne d’être médité : le souvenir dans la vie future. Je n’oublie pas que le saisissant
récit que nous venons de relire est une parabole, et que toute parabole contient
des traits qu’il ne convient pas de presser outre mesure. J’admets que Jésus a pu
emprunter les couleurs de son tableau à l’imagination populaire ; je pense qu’il
y aurait erreur à prendre trop à la lettre, à matérialiser en quelque sorte, le sein
d’Abraham, le grand abîme, la conversation entre les habitants du ciel et ceux de
l’enfer, la flamme dévorante, la goutte d’eau rafraîchissante vainement implorée.
Cependant, si ce sont là des symboles, ce sont des symboles de réalités. Puisque
Jésus a trouvé bon, pour une fois, d’écarter un coin du voile et de nous peindre les
choses qui sont au delà, il a dû le faire de manière à nous en donner une concep-
tion aussi exacte que possible ; en tout cas il n’a pas pu s’exprimer de manière à
nous suggérer invinciblement une erreur grave et fondamentale. Or, ce n’est pas
un détail que j’ai en vue aujourd’hui, c’est un point capital : l’existence et la portée
du souvenir dans la vie future. Le riche, après sa mort, se souvient des biens dont
il a joui, des frères qu’il a aimés, de Moïse et des prophètes dont il aurait dû écou-
ter la voix ; il se souvient, et ce souvenir fait partie de son châtiment, en même
58temps qu’il lui permet d’en apprécier la justice. Demain, un souvenir sera tout ce
qui nous restera de notre vie terrestre ; si nous n’avons pas aimé et servi Dieu, ce
souvenir nous tourmentera comme le riche impénitent. Mais aujourd’hui, grâce
à Dieu, nous ne sommes pas encore entrés dans le domaine de l’irréparable et
la pensée de ce souvenir peut nous convertir. Oh ! qu’il nous soit donné de nous
souvenir aujourd’hui de Dieu, de ses jugements et de son salut, pour que nous
n’ayons pas à porter demain comme un fardeau écrasant le souvenir de nous-
mêmes et de nos péchés !
I
Constatons d’abord, le fait même de la persistance du souvenir dans l’autre vie.
Si cette persistance n’existait pas, si, au souviens-toi d’Abraham, le riche pouvait
répondre : « Mais tu sais bien que les morts ne se souviennent de rien », il est
clair que le fond même de la parabole s’évanouirait. Toutefois, ne nous conten-
tons pas du témoignage, si clair et si positif pourtant, de notre texte ; consultons
l’enseignement général de la Bible. Aussi bien s’agit-il d’une question qui nous
intéresse tous personnellement et au plus haut degré. Quel est celui d’entre nous
qui ne se soit demandé plus d’une fois : « Nos morts bien-aimés se souviennent-
ils de nous ? Nous-mêmes, quand nous aurons franchi le redoutable passage,
conserverons-nous le souvenir de ce que nous aurons fait, éprouvé, souffert ici-
bas ? » – Nous répondrons sans hésiter, la Bible à la main : « Oui ; les morts se
souviennent et se souviendront toujours ».
D’abord, en effet, nulle part la Bible ne dit ou ne laisse entendre le contraire.
Cette observation a plus de portée qu’il ne paraît au premier abord. Car il est
des vérités de sens commun que l’Écriture sainte suppose partout, plus encore
qu’elle ne les énonce positivement en tel ou tel endroit. Quand elle nous assure
qu’au delà de la tombe nous recueillerons ce que nous aurons semé, elle n’ajoute
pas toujours expressément, il est vrai, que l’avenir sera, là-bas comme ici, uni par
le lien du souvenir au passé dont il est le fruit, mais cela s’entend de soi, et c’est le
cas d’appliquer cette parole du Maître : « Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. »
Toutes les fois qu’une conception différente s’est produite, dans la mythologie
59païenne par exemple, elle s’est clairement exprimée aussi ; mais le fleuve fabuleux
du Léthé ou de l’oubli ne coule pas dans le paradis chrétien, ni dans l’enfer non
plus. Remarquez en effet ce qui est dit, non plus dans une parabole, mais dans le
sermon sur la montagne, des morts qui viennent en jugement : ils se souviennent
si bien de leurs œuvres et de la profession qu’ils ont faite de connaître Jésus-Christ
qu’ils y cherchent un motif de confiance, hélas ! bien illusoire : « N’avons-nous
pas prophétisé, chassé les démons, fait des miracles en ton nom1 ? » S’il s’agit des
damnés, ce feu qui les consume, ce ver qui les ronge, qu’est-il, sinon le remords,
c’est-à-dire la mémoire de la conscience ? Et quant aux bienheureux, cette larme
qui mouille encore leurs yeux et que la main du Père céleste essuie avec tant
d’amour2, n’est-elle pas un ressouvenir des tristesses d’ici-bas ? Sans le souvenir,
point de revoir, point de réunion véritable dans le sein de Dieu, et comment les
chrétiens de Thessalonique, par exemple, seraient-ils « en ce jour-là » la joie et la
couronne d’un saint Paul3 ?
Aux déclarations prophétiques joignez les faits. C’est Jésus ressuscité qui est
« les prémices de ceux qui dorment4 », le type auquel nous devons ressembler :
or, voyez comme il se souvient, comme il rappelle à ses disciples, par exemple, les
discours qu’il leur tenait quand il était avec eux. Et sans doute il en était de même
des morts que Jésus a ressuscités : le fils de la veuve de Naïm n’aurait pas été
véritablement rendu à sa mère, ni Lazare à ses sœurs, si l’un et l’autre n’avaient
pas pu, grâce au souvenir, renouer le fil de leur existence et de leurs relations
antérieures.
Après cela, je me crois fondé à affirmer que la persistance du souvenir dans
la vie future est une doctrine biblique. Je pense que c’est aussi une vérité philoso-
phique démontrable, j’entends au point de vue de la philosophie qui seule est ici
en cause, la philosophie spiritualiste, car il est clair que, pour le matérialisme qui
nie l’âme et la vie à venir, la question même n’existe pas. L’âme et la vie à venir, je
viens de les nommer ensemble : ces deux articles de foi sont en effet étroitement
liés ; si je crois que la mort ne détruit pas l’homme, c’est que je sais et que je sens
1 Matthieu 7.22.
2 Apocalypse 7.17.
3 1 Thessaloniciens 2.19.
4 1 Corinthiens 15.20.
60qu’il y a dans l’être humain un fond spirituel qui demeure à travers le mouvement
de la vie et le renouvellement incessant de la substance du corps. Or le signe et
la garantie de l’identité personnelle, c’est la mémoire. Sans elle je ne pourrais pas
relier un moment de ma vie à celui qui l’a précédé et par conséquent je n’aurais
pas même une idée distincte de cet être que j’appelle moi. Mon existence vrai-
ment personnelle et morale a commencé avec ma mémoire et se terminerait avec
elle. Si l’on prétendait (cette étrange théorie a été soutenue et l’est encore) que les
conséquences de mes actes seront un jour supportées par un être qui, assure-t-on,
sera moi-même en un certain sens, mais qui ne se souviendra pas d’avoir porté
mon nom et vécu de la vie que j’appelle aujourd’hui la mienne, je confesse que
cet être hypothétique serait comme un étranger pour moi et que la pensée du sort
qui peut lui être réservé m’affecterait médiocrement. De fait, sinon d’intention, le
système dont je parle est une négation véritable de la vie à venir.
C’est surtout, en effet, quand on se place au point de vue de la rétribution,
que la nécessité morale de la persistance du souvenir devient éclatante. D’accord
avec la Bible, la conscience du genre humain réclame un jugement à venir ; or les
hommes ne peuvent pas être jugés d’après leurs œuvres, s’ils les ont oubliées.
Sans doute, Dieu pourrait alors même assigner à chaque âme d’homme un sort
proportionné à ses vertus ou à ses fautes passées, qui pour elle seraient ensevelies
dans le même oubli ; mais cette justice dont Dieu se serait réservé le secret et qui,
pour celui qui en est l’objet, serait l’exact équivalent de la fatalité ou du caprice, ne
mériterait pas d’être appelée un jugement. Dieu nous traite comme des créatures
intelligentes et morales ; il veut que ses jugements, alors même qu’ils sont le plus
sévères, soient ratifiés par notre conscience. Dans la parabole des talents, le maître
confond le serviteur inutile en le jugeant d’après ses propres paroles5, c’est-à-dire
ses propres pensées. Dans la parabole des noces, le convive indigne, repris par
le roi, a la bouche fermée6. Or cet aveu tacite, mais significatif, cette confusion
qui est proprement le triomphe de la justice divine sur le pécheur impénitent,
devient impossible dès qu’il n’y a plus de souvenir, et le caractère moral de la
punition comme de la récompense disparaît en même temps. La confrontation de
5 Luc 19.22.
6 Matthieu 22.12.
61l’oppresseur et de l’opprimé, du méchant et de son innocente victime, réparation
nécessaire des injustices d’ici-bas, disparaît aussi. Dira-t-on qu’au moins les mer-
veilles de la grâce de Dieu subsistent, et que c’est l’essentiel ? Je ne puis accorder
cela même. Si, dans le ciel quel qu’il soit auquel vous me conviez, il ne me sou-
vient plus de la terre, alors je ne sais pas si j’ai été pécheur, je ne me rappelle pas
avoir entendu parler de Jésus-Christ, je n’ai donc point de couronne à jeter à ses
pieds, point d’hymne à entonner à sa gloire. Tout, le bien comme le mal accompli,
la reconnaissance comme le remords, la grâce de Dieu comme la responsabilité et
la personnalité même de l’homme, tout, dis-je, disparaît, avec le souvenir, dans
le gouffre du néant. Vous le voyez : le souviens-toi de notre texte est de grande
conséquence, et la vérité qu’il implique est bien une étoile de première grandeur,
quoique peut-être moins souvent et moins distinctement aperçue que d’autres,
dans le firmament de notre foi et de nos espérances.
II
Il faut faire un pas de plus. C’est trop peu de. dire que la mémoire persistera
dans la vie à venir. Au delà de la tombe, le souvenir ne sera pas la prolongation
ou la reproduction pure et simple du fait moral que nous appelons de ce nom. Il
prendra certainement une énergie et une lucidité toutes nouvelles.
Si vous admettez le principe que j’ai posé tout à l’heure, que le jugement de
Dieu sera intérieur en même temps qu’extérieur, qu’il sera ratifié par la conscience
de tous les êtres moraux et tout d’abord de ceux qui en seront les objets, alors
vous êtes contraints d’admettre que ce jugement implique un réveil involontaire
et souverain, un éclaircissement prodigieux de la conscience et en même temps
de la mémoire. Que nous est-il dit en effet du jugement dernier ? Voici quelques
déclarations bibliques : « Il nous faut tous comparaître – ou être manifestés – de-
vant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il
aura fait étant dans son corps7. . .Je vous dis en vérité que les hommes rendront
compte au jour de jugement de toute parole oiseuse qu’ils auront dite8. . .Dieu ju-
7 2 Corinthiens 5.10.
8 Matthieu 12.36.
62gera les secrets des cœurs par Jésus-Christ, selon mon Évangile9. » Les secrets des
cœurs, avez-vous entendu ? Il y a peu de gens, parvenus à l’âge mûr, qui n’aient
pas quelque secret de ce genre enfoui dans les profondeurs de leur passé, caché
dans quelque coin obscur de leur mémoire. Ces secrets seront prononcés à haute
voix, ces choses cachées viendront à la lumière devant le tribunal de Dieu. Bon
gré mal gré, il faudra se ressouvenir. Je me rappelle avoir entendu dire à un pré-
dicateur de l’Évangile qu’un jour passé loin de Dieu, un jour où nous n’avions
songé qu’à nous procurer du plaisir et lâché la bride à nos penchants, était tou-
jours suivi d’un réveil pénible, et je fus frappé de la justesse de cette remarque.
Oui, nous savons cela. Nous savons que le péché a deux faces : avant d’être com-
mis, il est attrayant, séduisant, plein de promesses de bonheur ; quand il est com-
mis, nos yeux s’ouvrent et, ce que nous voyons, c’est notre misère et notre honte.
Nos premiers parents ont fait cette découverte dans les circonstances que vous
savez, et chacun de nous l’a faite à son tour pour son propre compte, ce qui ne
l’a pas empêché de se laisser tromper encore. Toutefois il y a bien des causes
qui ici-bas ne permettent pas au réveil de la conscience d’être complet, et qui en
conséquence atténuent la vivacité et tempèrent l’amertume du souvenir moral :
au delà de la tombe, elles n’existeront plus. L’une de ces causes est notre organisa-
tion matérielle elle-même. Le cerveau est sans doute un admirable instrument de
la pensée, mais c’est pourtant un instrument imparfait, borné, par cela seul qu’il
est matériel, et par conséquent c’est en même temps une limite et un obstacle ;
avec l’organisme tout autrement délicat et approprié à notre nature spirituelle
que nous rendra la résurrection, il est à croire que les opérations intellectuelles,
et par conséquent celles, de la mémoire en particulier, s’accompliront avec beau-
coup plus de rapidité et de force.
Poursuivons. Ici-bas, alors même que nos consciences ont commencé de se
réveiller, nous ne voyons guère nos torts qu’à travers un voile d’illusion et d’in-
dulgence ; nombreux sont les sophismes par lesquels nous cherchons à les pallier
à nos propres yeux, et nous n’y réussissons que trop bien. Alors, toutes ces erreurs
plus ou moins volontaires seront dissipées ; toutes ces montagnes que l’orgueil ou
l’incrédulité avait entassées ne pourront plus nous couvrir. En même temps que
9 Romains 2.16 ; 1 Corinthiens 4.5.
63tous les voiles seront arrachés, une lumière nouvelle et implacable éclairera notre
vie et nos actions. Ici-bas nous n’avons qu’une notion relativement peu nette et
peu sûre de nos devoirs, de sainteté de Dieu, de sa justice, de sa miséricorde,
de l’importance suprême du salut et de la sanctification ; tout cela flotte plus ou
moins dans le vague. Alors la vérité nous apparaîtra, nous éblouira ; pareille à un
faisceau de lumière électrique, elle éclairera les dernières profondeurs de notre
conscience et de notre passé, montrant toute la laideur de nos péchés, toute la fo-
lie de notre incrédulité, tout l’odieux de notre indifférence et de notre ingratitude
envers notre Dieu Sauveur. Ici-bas nous ne connaissons qu’une faible partie du
mal, comme aussi du bien que nous faisons, parce que les conséquences de nos
actes nous échappent en grande partie ; alors nous connaîtrons et nous pourrons
apprécier dans son ensemble l’œuvre de notre vie, le rôle moral que chacun de
nous aura joué. Libertin, vous saurez combien d’autres âmes vos paroles, votre
exemple, votre influence auront contribué à pousser à leur ruine ; égoïste, vous
aurez sous les yeux le navrant spectacle des malheureux à qui vous avez un jour
ou l’autre refusé ou négligé de tendre une main secourable, et qui finalement ont
fait naufrage. Ici-bas, il est comparativement facile de fuir ces souvenirs cruels
dans la multiplicité des plaisirs, des affaires, des devoirs même ; alors il n’en sera
plus ainsi ; les bruits et les distractions de la vie présente auront cessé ; on ne voit
pas comment l’âme coupable se déroberait à ses souvenirs, comment elle évite-
rait d’en être la victime et la proie aussi longtemps qu’elle existera. Ici-bas enfin,
nous sommes du moins les seuls dépositaires de ces pénibles secrets dont j’ai
parlé ; alors, comme dit l’Apocalypse, les livres seront ouverts10  en présence de
la création attentive ; chacun pourra y lire couramment ce que nous voudrions
aujourd’hui nous cacher à nous-mêmes ; ceux à qui nous aurons causé quelque
dommage spirituel nous feront de justes reproches ; ceux dont nous aurions sur-
pris l’estime et l’affection en nous montrant à eux meilleurs que nous ne sommes
se détourneront de nous avec tristesse. . .Mes frères, il y a dans la mémoire de
l’homme une puissance cachée qui parfois dès ici-bas se manifeste d’une manière
étonnante. Des personnes qui ont été tout près de la mort ont raconté que dans cet
instant qu’elles avaient cru le dernier, leur passé tout entier s’était retracé à leur
10 Apocalypse 20.12.
64pensée avec l’une rapidité et une netteté extraordinaires, qui avaient fait revivre
bien des détails oubliés. Étendez, éternisez par l’imagination ce merveilleux ré-
veil de la mémoire, transportez-le au delà de la tombe, et vous comprendrez que
ce mot de notre texte : Souviens-toi, contienne le ciel ou l’enfer.
III
Mais ce ne sont pas seulement d’instructives réflexions, ou même de solen-
nelles émotions que je veux recueillir avec vous de mon texte, ce sont des fruits
de conversion et de salut. Puisque rien de ce que nous faisons ne se perd, puisque
tous les actes et tous les moments de notre existence actuelle seront pour nous
l’objet d’un souvenir si vif et si poignant, sachons nous placer d’avance à ce point
de vue élevé et vrai de l’éternité pour diriger en conséquence notre vie entière.
J’aime à croire que vous vous dites quelquefois, quand la passion vous porte dans
tel ou tel sens : « Ce que je suis tenté de faire, comment l’apprécierai-je demain,
quand je serai de sang-froid ? » et que cette considération vous a épargné plus
d’une faute. Au lieu, ou plutôt en outre de ce lendemain dans le temps, considé-
rez aussi le lendemain de l’éternité ; faites-vous souvent des questions telles que
celles-ci : « Cette concession à la chair, à ma volonté propre, qui me paraît aujour-
d’hui si excusable et en même temps si nécessaire à mon bonheur, l’envisagerai-je
sous le même jour, lorsque je me souviendrai de ma carrière terrestre comme le
riche de la parabole se souvenait de la sienne ? Cette bonne action qui me coûte
tant à accomplir, regretterai-je de l’avoir faite, lorsque mon temps d’épreuve sera
terminé et que je ferai le compte de mes voies ? » O malheureux riche, si tu avais
pensé à cela plus tôt, comme tu aurais écouté Moïse et les prophètes, comme tu
aurais ouvert ton cœur et ta main au pauvre Lazare, comme tu aurais pris en pitié
ce luxe de la table et du vêtement, qui paraît avoir été la grande affaire comme
le principal bonheur de ta vie ! Maintenant tu sais à quoi t’en tenir ; tu sais que
la grande question pour toute âme d’homme est celle du salut, et que, si l’on ne
se convertit pas, on est perdu. Hélas ! ce savoir t’est inutile aujourd’hui ; qu’au
moins ton exemple nous instruise, nous que Dieu dans sa patience attend encore
pour nous faire grâce !
65Ce ne sont pas seulement nos actions bonnes ou mauvaises, ce sont aussi les
vicissitudes de notre sort terrestre qu’il faut apprécier d’après le point de vue
indiqué dans notre texte. « Souviens-toi, dit Abraham au riche, que tu as eu des
biens en ta vie, et Lazare a eu des maux ; maintenant il est consolé, et tu es dans
les tourments. » Ainsi les maux de Lazare se trouvent en définitive avoir été pour
lui des biens, car ils lui ont préparé une consolation éternelle ; les biens du riche
ont été pour lui des maux véritables, car ils n’ont fait que lui rendre plus facile et
plus fleurie la voie de l’enfer.
Assurément, il faut nous garder de supposer que les douleurs d’ici-bas confèrent
une sorte de droit à la félicité future, et qu’à l’inverse toute joie terrestre traîne né-
cessairement après elle le malheur et le châtiment. Dans le monde invisible, un
Abraham, par exemple, n’a point à se repentir de la prospérité que Dieu lui a
accordée, un Pharaon et un Achab ne trouvent pas une consolation dans le sou-
venir de leurs malheurs passés. Mais notre texte, rapproché d’autres paroles du
Seigneur comme celles-ci : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés11 !
Malheur à vous qui riez maintenant, car vous pleurerez !12. . . » notre texte, dis-je,
signifie au moins ceci, que la pauvreté est pour la plupart des âmes une meilleure
école de sainteté que la richesse, que le chemin du ciel passe plus souvent par
la vallée des larmes que par les riants coteaux de la prospérité, et que la mort
amène dans bien des cas un renversement subit et complet des conditions hu-
maines. D’après cela, mes frères, craignons de nous laisser ou trop enivrer par
les biens ou trop accabler par les maux d’ici-bas. Efforçons-nous de dominer les
impressions présentes par la perspective du ressouvenir éternel. Si nous sommes
heureux, si Dieu nous comble de biens, s’il nous épargne tandis que tant d’autres
sont frappés à notre droite et à notre gauche, veillons, oh ! veillons à ne pas res-
sembler à ce riche dont le crime unique, mais suffisant pour le perdre, est d’avoir
mis tout son cœur dans cette vie et dans ses biens fragiles. Tenons nos cœurs en
haut ; usons comme n’usant point ; soyons prêts à tout quitter, à tout sacrifier au
premier signe du Maître, et en attendant faisons bien large la part du Seigneur et
de la charité. Si au contraire Dieu nous a mis parmi les pauvres et les affligés de
11 Matthieu 5.4.
12 Luc 6.25.
66la terre, ne murmurons pas de ce qu’il nous a fait un sort semblable à celui du
plus grand nombre de ses saints et du Seigneur Jésus lui-même ; répétons avec
un poète latin, mais d’un accent plus ferme que le sien : « Peut-être – nous pou-
vons laisser -le peut-être – le souvenir des maux présents aura-t-il un jour pour
nous sa douceur ». Recueillons et serrons dans nos cœurs tant de paroles bénies,
dont l’Écriture abonde, sur l’utilité des afflictions, Sur leur rôle nécessaire dans
la préparation de la gloire future. « Il est maintenant consolé. » Ce mot de notre
texte en dit plus que beaucoup de discours sur les compensations que l’amour
divin réserve à ceux qui ont patiemment souffert ici-bas. On peut affirmer hardi-
ment qu’aucun souvenir ne sera plus doux aux habitants du ciel et ne fera jaillir
de leur cœur un plus joyeux cantique d’action de grâces que le souvenir de leurs
afflictions.
Mes frères, je vous ai présenté aujourd’hui, sous un aspect particulier, une loi
divine que Jésus est venu, non pas abolir, mais accomplir, comme toutes les lois
de Dieu, la loi de la rétribution. Je vous ai montré cette loi s’incarnant dans un
fait d’expérience journalière, inséparable de notre personnalité elle-même, le fait
du souvenir. Tout cela est incontestablement vrai, et pourtant si je m’arrêtais là,
je serais digne de blâme, car je descendrais de cette chaire sans vous avoir an-
noncé l’Évangile. A la vérité, si l’on me reprochait de n’avoir insisté que sur le
côté sévère de mon sujet, j’aurais de quoi répondre. Je ferais remarquer d’abord
que mon texte même me conviait à donner cette direction à vos pensées, puis-
qu’il contient une parole adressée à un réprouvé. J’ajouterais qu’en effet, cette
pensée que notre vie terrestre sera pour nous tous après la mort l’objet d’un sou-
venir parfaitement lucide autant qu’ineffaçable, cette pensée, dis-je, me paraît en
elle-même plus effrayante que consolante. Ici-bas déjà les plus sérieux d’entre
nous sont les moins contents d’eux-mêmes et de leur passé ; ils sont prêts à dire,
comme un pieux janséniste mourant : « J’ai mal vécu » ; que sera-ce quand les
voiles seront levés ?. . .Que faire donc ? Nous étourdir, penser le moins possible à
ce passé qui nous humilie, à cet avenir qui nous effraye, jusqu’à ce que la mort
vienne et fasse retentir à nos oreilles le souviens-toi de notre texte ? – Ce serait une
folie équivalant au suicide. Nous efforcer de bien vivre désormais, en sorte qu’au
67moins le souvenir des années ou des jours qui nous restent n’ait rien d’affligeant
plus tard ? – Sans doute, mais le moyen ? Et d’ailleurs, quand nous serions irrépro-
chables à partir d’aujourd’hui, cet amendement tardif effacerait-il le souvenir de
ces longues et belles années qui auraient pu être pleines d’obéissance et d’amour,
et qui ont été, pour dire le moins, si pauvres et si stériles ? Non, sans doute ! En-
core une fois donc, que faut-il faire ? Ah ! de moi-même je ne saurais pas trouver
de solution à cette difficulté, de remède à cette détresse. Mais j’entends la voix
de Dieu, de ce Dieu qui est aussi incapable de nous leurrer par des promesses
trompeuses que de nous troubler par de vaines menaces, et cette voix dit : « Celui
qui cache ses transgressions ne prospérera point, mais celuj qui les confesse et
les délaisse obtiendra miséricorde13. . .C’est moi, c’est moi qui efface tes iniquités
pour l’amour de moi, et je ne me souviendrai plus de tes péchés14. . .Il aura en-
core compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités, et il jettera tous
nos péchés au plus profond de la mer15. . .Le sang de Jésus-Christ purifie de tout
péché16. . . » Un poète incrédule, préoccupé un jour de la pensée même qui nous
a frappés aujourd’hui, je veux dire de ce qu’il y a d’impérissable et d’implacable
dans le souvenir, n’a pas craint de jeter ce défi au Tout-Puissant :
Tu peux nous animer d’une vigueur nouvelle,
Nous rendre le désir que nous avions perdu ;
Oui, mais le souvenir, cette ronce immortelle,
Attachée à nos cœurs, l’en arracheras-tu ?
Eh bien ! l’amour divin ne recule pas devant ce défi de l’incrédulité et du
désespoir. Oui, Dieu peut et veut, sinon ôter et détruire cette ronce du souve-
nir, du moins la désarmer de ces épines qui semblaient devoir faire saigner nos
cœurs éternellement. Si nous nous sommes repentis de nos péchés, si nous les
avons confessés au Seigneur, si nous en avons imploré et obtenu le pardon pour
l’amour de Celui qui les a portés en son corps sur le bois, alors sans doute nous
nous en souviendrons encore dans l’éternité, mais Dieu sera entre nous et nos
iniquités, puisqu’il les a jetées derrière son dos, comme parle un prophète ; nous
13 Proverbes 28.13.
14 Esaïe 43.25.
15 Michée 7.19
16 1 Jean 1.7
68ne les verrons plus qu’à travers le voile radieux des compassions divines ; si elles
nous font encore répandre des larmes, ce seront des larmes de reconnaissance ;
si elles demeurent pour nous un sujet de confusion, cette confusion sera comme
absorbée dans l’amour. « Si nous nous jugeons nous-mêmes, dit l’apôtre, nous
ne serons pas jugés17» ; si nous nous souvenons aujourd’hui de nos péchés pour
les pleurer et pour les haïr, nous n’aurons pas à nous en souvenir demain pour
en porter l’opprobre et comme la brûlure ineffaçable. Grâces en soient mille fois
rendues à Dieu, il n’y a pas aujourd’hui un grand abîme entre le royaume de
Dieu et nous, ou, s’il y en a un, c’est un abîme que le plus grand pécheur qui se
trouve dans cette assemblée peut franchir aujourd’hui même sur l’aile de la foi et
de la prière. Mais il y a un autre abîme, tout autrement profond, dans lequel nous
pouvons nous jeter nous-mêmes avec tous les souvenirs qui nous pèsent, sans
en excepter un seul, c’est celui des divines miséricordes. Et quand nous aurons
fait cela, nous serons rendus capables de vivre de telle sorte que la perspective
d’un ressouvenir éternel nous devienne plus douce que redoutable. Sauvés par la
grâce de Dieu et transformés par son Esprit à l’image de Jésus-Christ, nous nous
souviendrons là-haut de nos mauvaises œuvres sans amertume, parce que Dieu
nous en aura entièrement lavés et. purifiés, et de nos bonnes œuvres sans orgueil,
parce que Dieu seul en aura toute la gloire.
Amen.
13 mars 1882.

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 21:10

                                         Carcassonne

                              Dimanche 15 janvier 2012

1 SAMUEL 3, 3 - 16

EXODE 3, 14

JEAN 1, 35 - 42

 

introduction : me voici

« Hinéni » : « Me voici ».1 mot en hébreu, deux mots, en français, comme une porte ouverte car rien n’est statique dans cette expression, porte ouverte sur ce qui va advenir pour celui qui parle ou pour celui qui entend. Ce matin, je voudrais dire comment ce « me voici » résonne en moi ; dans la bouche de l’homme, il est miroir d’une réalité d’amour et de longanimité qui la première le prononce, invitation plus qu’appel, tendresse plus que directive. Samuel et bien d’autres l’ont expérimenté : nous en parlerons. Mais avant tout, c’est le « me voici » préalable aux nôtres qui importe pour moi. Et si miroir il y a, l’image n’y est en rien figée dans un reflet immuable et intouchable : le miroir raconte une histoire qui n’est pas écrite par avance mais elle s’égrène au fil de la vie de chacun de nous dans l’invention et l’inattendue que nous pouvons expérimenter. « Me voici » dit Dieu. « Me voici » répond l’homme et chaque fois, tout est à faire, tout est nouveau.

 

1) Des hommes disent « me voici » : Parlons donc des hommes dont le « me voici » prononcé ressemble à un premier pas sur une route parfois rocailleuse, quelquefois désertique, souvent difficile, voire mortelle, une route dont ils n’ont pas vu la fin. Paul l’affirme dans le chapitre 11 de l’épitre aux Hébreux.  

 

- Rejoignons Samuel. C’était il y a bien longtemps ; pourtant, ce texte vieux de plusieurs millénaires, résonne à mes oreilles comme un événement d’aujourd’hui malgré les archaïsmes culturels qu’il véhicule.  Un vieux prêtre mal loti côté famille, avec deux fils de fort mauvaise vie ; un adolescent consacré dès le ventre de sa mère, un temple où, selon nos traductions, on sert « l’Eternel » ; l’Eternel, le rédacteur ne saurait prononcer le tétragramme imprononçable, inscrit dans le livre de l’Exode : « Je suis qui je suis », mais on pourrait traduire aussi car le futur est imbriqué, en hébreu, dans le passé et le présent : « je suis qui je serai»,  ou « je suis celui qui fait devenir » autrement dit, « je suis là, hier, aujourd’hui et , « demain », « me voici »… Et même si en hébreu, le « me voici » de Samuel, « hinéni » s’écrit différemment de ce que nous appelons le tétragramme, 4 lettres en hébreu, que nous traduisons en français,  « YHWH », comment ne pas entendre dans ce nom indicible, la promesse d’une présence offerte et aimante que l’on pourrait accueillir, sans la trahir, me semble—t-il, par « me voici ». Et l’Eternel de Samuel est aussi notre « Eternel ». Déjà, en creux, nous savons que l’être de Dieu, dans le nom qu’il se donne, est une présence dynamique offerte à ceux qui l’accueillent et parfois même à ceux qui ne l’accueillent pas… Saul  de Tarse en a fait l’extraordinaire expérience sur le chemin de Damas.

Samuel, donc, semble avoir appris à répondre sur l’instant à la voix d’Eli le vieux prêtre, et de jour comme de nuit, instantanément, il réagit avec empressement. « Samuel, Samuel » dit la voix… Il se lève, va vers Eli, « me voici, tu m’as appelé ». N’allez pas imaginer un enfant de 7 ou 8 ans, malléable et sans caractère. (En hébreu, « naar » désigne un adolescent plutôt jeune homme que jeune garçon, c’est le terme utilisé par exemple pour  Ismaël quand il se retrouve dans le désert avec Agar,  sa mère. Il a alors environ 15 ans). Samuel est entre l’adolescence et la maturité quand le récit nous fait entrer dans sa vie et à la fin de ce même  récit, il sera un « prophète », à part entière. Entre temps, son « me voici » lui conduit vers une intervention difficile auprès d’Eli ; comme tous mes « me voici », celui-ci coûte : à lui, il coûte la peur, mais il assume sa parole jusqu’au bout..

 

- D’autres hommes ont aussi dit : « me voici ». Abraham[1], doit lui aussi répondre à un appel : « va pour toi vers le pays que je te donnerai » qui va bouleverser le cours de sa vie, le conduire vers un but qu’un autre a fixé, sans autre assurance que la Parole entendue jusqu’à celle qui lui demande de sacrifier son fils ; c’est ce que lui avait compris de la demande du Seigneur ; alors Abraham dit : « me voici » et en lui, est formulé la promesse d’une bénédiction dont nous sommes, nous, aujourd’hui, toujours les bénéficiaires. Jacob[2], lui, fut appelé une nuit dans une vision à laquelle il répondit : « me voici », il en sortira transformé, avec un nom inédit, Israël, et un avenir qu’il n’avait pas imaginé. Moïse[3], berger en terre étrangère, entendit son nom prononcé d’un buisson qui brûlait sans se consumer : « me voici » dit-il ; la suite, le livre de l’Exode nous la décrit dans le détail. Le « me voici » de ces hommes à l’appel entendu a été lourd de conséquences pour eux et pour leur famille. Vies bouleversées jusqu’à la tribulation et la mort parfois.

 

- et le plus exceptionnel de tous les « me voici » :  dans le Nouveau Testament, Paul lui-même commente quelques versets du 1er Testament et fait dire à Jésus dans l’épitre aux Hébreux[4] : « ego idou », « me voici », « Je suis là ». Le « me voici »  de Jésus, le Christ l’a conduit jusqu’à une mort ignominieuse et sa résurrection aussi et combien nos vies sont encore aujourd’hui étroitement articulées en lui comme les sarments au cep, sublime aboutissement de son « me voici »que la sève apporte à profusion du cep jusqu’aux sarments.

 

2) Dieu dit «  hinéni » :

 

- Les hommes l’ont dit et Dieu aussi. Les Ecritures font de l’Eternel de Samuel, le sujet de « Me voici »… Me voici, dit  Dieu : comme une promesse parfois, et le plus souvent comme un appel, une main ouverte tendue vers l’homme. « Je suis celui qui fait advenir » survient comme un « me voici ».

 « Me voici » dit Dieu aux humains. A travers les temps, les hommes entendront cette assurance de la présence divine comme une bénédiction ou comme une malédiction. Me voici, dit l’Eternel. Aujourd’hui, je fais advenir pour toi. Me voici dans ton quotidien, me voici dans  l’inattendu, me voici dans  l’imprévisible qui devient aussitôt l’inespéré, me voici dans l’humanité de mon fils, me voici dans l’enfant de la crèche,  me voici dans l’homme qui annonce : « heureux les pauvres, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice, ceux qui offrent miséricorde et paix, ceux qui sont persécutés ». « Me voici » sur la croix. Oui, me voici dans l’amour jusqu’à la mort. Comprends-tu qui je suis ? Je suis « me voici ».

 

3) l’homme : me voici

 

- les apôtres et les premiers disciples. Le cri du désir de Dieu pour l’homme résonne comme une invitation à vivre une communion d’amour qui donne la vie. Comment rester sourd à cet appel ? Je ne puis. Alors, me voici, Seigneur. Ainsi répondent les hommes à l’appel de Dieu. Les premiers disciples laissent là leur quotidien pour répondre à celui qui, en Jésus, dit « me voici ». Les Evangiles racontent comment l’appel de Dieu a bouleversé la vie d’hommes et de femmes au premier siècle de notre ère. Mais, leur réponse est comme en dent de scie, si je puis m’exprimer ainsi, car répondre à cet appel et de s’y engager corps et âme n’est rien pas une évidence granitique. Pour Samuel, il a fallu que Dieu s’y reprenne à 4 fois car il portait une parole pour un autre qui ne l’entendait pas. Pendant 3 ans, les apôtres et les premiers disciples ont vécu dans le « me voici » de Dieu en la personne de Jésus, dans ses gestes quotidiens, dans sa foi, dans son enseignement, dans ses dons de guérisons, dans la déroute d’une tempête ou l’incompréhension stupéfaite d’une multiplication des pains, etc. Que de fois a du retentir en eux ce « me voici » de Dieu et pourtant… à la croix, inconcevable « me voici », cri d’amour unique, scandaleux, insupportable, ils sont absents, ils sont dans le désespoir, ils restent sourds, muets, paralysés… Où sont tous les « me voici » de Dieu engrangés en eux tout au long de leur parcours avec Jésus auxquels ils répondaient à leur tour : « me voici »? Et le dernier, le plus admirable, le plus exceptionnel, le plus grand de tous les « me voici » qu’il  ait jamais dit, reste pour eux, silence et désespérance.

 

Nous, nous ne sommes en rien différents de ces disciples-là. Emerveillement devant l’appel divin, puis émiettement de cette force d’appel dans le quotidien, nous naviguons toujours entre ces deux eaux-là.

 

Conclusion : « Ecoute, Dieu nous parle ». C’est le titre d’un petit livre édité pour l’Eglise Protestante Unie de France qui offre l’expérience de nombreux « me voici » prononcés par nos frères et sœurs. Me voici, dit Dieu, ici et aujourd’hui. Oui ? mais où ? Lev Gillet, théologien orthodoxe répond : « Jésus dit : « Voyez mes mains et mes pieds ». Il n’a aujourd'hui, sur cette terre, d’autres mains et d’autres pieds que ceux des hommes. (…) Sors de ta maison, et tu le trouveras aussitôt dans la rue, sous la figure de l’homme et de la femme qui passent. En ceux-ci nous est donnée la possibilité d’une rencontre incessante avec Jésus. Mon Seigneur se manifeste à moi au bureau, à l’atelier, dans le magasin, dans l’autobus, dans les files qui attendent et piétinent. Nous trouvons le Christ dans ses temples, mais c’est au sortir des lieux dits « sacrés » qu’il nous invite à commencer la recherche et la découverte de sa personne sous les traits de nos frères. Cette voie d’humble accès est à la fois très facile et très difficile. Facile, puisque Jésus est là, dans chacun de ceux qui nous entourent. Difficile, puisque ce qu’il y a de commun, de plus ordinaire, de plus quotidien requiert le plus grand effort… A chaque pas, nous pouvons transfigurer les hommes, si nous dégageons d’eux la Sainte Face souvent défigurée. Saint Jean Chrysostome nous déclare que l’autel vivant et humain dressé dans chaque rue, à chaque carrefour, est plus sacré que l’autel de pierre, car sur le deuxième le Christ est offert, mais le premier, c’est le Christ lui-même. »[5] « Me voici » dit Dieu. Et toi, que dis-tu ? Amen



[1] Genèse 22, 11

[2] Genèse 31, 11

[3] Exode 3, 4

[4] Hébreux 2, 13

[5] Daniel Bourguet L’Evangile médité par les Pères Matthieu page 197

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 10:22

 

 

 chaine accrochée à une pierre

 

 

 

 

 


Une longue chaîne… d’« aimants  Dieu » (numéro 018)

 

Combien de maillons de la chaîne souhaitez-vous voir ? Où se trouve le premier maillon ?

Et vous ? Où êtes-vous ?

 

DESIDERIUS ERASMUS  ROTERODAMUS (1466-1536)

        

         Erasmos, en grec : l’aimé… c’est le nom qu’il se donne à l’âge de 17 ans pour devenir l’incontournable Erasme. Lui aussi a fait ses études avec les Frères de la vie commune ; c’est là que lui vient l’ardent désir de débarrasser le christianisme de la scolastique, qui, par ses commentaires interminables, son latin incompréhensible aux non-initiés, éloigne de la profondeur des Ecritures. Il passera aussi quelques temps dans l’abominable Ecole Montaigu à Paris dont  nous reparlerons avec Calvin.

Après une vie monastique où il accumule un savoir encyclopédique, il propose dès 1500 dans ses écrits, une réforme catholique libérale, fondée sur la charité. Il sera l’initiateur du « Cénacle de Meaux » dont nous aurons l’occasion de parler par la suite.

Il consacre une dizaine d’années à la traduction d’un Nouveau Testament , s’enrichit de voyages et de rencontres nombreuses, devient un infatigable épistolier (particulièrement avec Luther), et rédige de nombreuses œuvres.[1]

Sa position face à la Réforme : la neutralité, bien qu’on lui reproche d’avoir « pondu l’œuf que Luther a couvé ». Les deux hommes vont joyeusement s’étriper par lettres interposées sur leur notion de la liberté. Luther dira dans ses « Propos de table » : « Je hais Erasme souverainement ».

Il refusera à la fin de sa vie de devenir cardinal, rappelant ainsi au monde sa dignité d’homme libre qu’aucune soumission n’entrave.

Il me semble qu’une citation de Léon-E Halkin, biographe, résume on ne peut mieux ce que fut cet homme délicat et pacifique : «Sens d'une civilisation en péril, recherche fraternelle de la paix, formation d'un esprit européen, soucis d'une éducation rationnelle, culture classique, œcuménique, réformes conciliaires et postconciliaires, enfin humanisme chrétien et christianisme critique. Surprenant, multiforme, inimitable, il n’y a qu’un Erasme. Il est toujours parmi nous. »

 

Extrait du « Manuel du parfait chrétien » traduction de A.J. Festugière :

« Tu aimes les lettres? C'est bien, si c'est pour le Christ. Si tu ne les aimes que pour être plus savant, tu t'arrêtes là où il fallait continuer de marcher. Si tu les recherches pour que, aidé par elles, tu voies en plus pleine clarté le Christ qui se cache dans les mystères de l'Écriture, et, l'ayant reconnu, l'aimes, et, l'ayant connu et aimé, le communiques ou jouisses de lui, arme-toi pour l'étude des lettres. Pas au-delà cependant que tu ne le juges devoir être utile à ton progrès moral. Si tu as confiance en tes forces et espères gagner beaucoup dans le Christ, va, tel un audacieux marchand, poursuis ta course au loin même chez les lettres des païens, et transforme les richesses de l'Égypte pour orner le temple du Seigneur. Si, en revanche, tu crains plus grande dépense que tu n'espères de gain, reviens à cette première règle de plus haut: connais-toi toi-même, mesure-toi selon ta taille. Mieux vaut être moins savant et aimer plus, qu'être savant et ne pas aimer. »  



[1] Son  « Eloge de la folie » est en intégrale sur « books.google » et en PDF.

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 10:33

Très chers ami(es)

 

Finies les prédications « tonnerriques » d’Eugène Bersier. Pardonnez l’invention du mot, mais je ne pouvais dire du pasteur Bersier qu’il est un « fils du tonnerre » comme l’étaient Jacques et Jean, prompt à réagir bien trop humainement… Je voulais parler des « foudres » qui tombaient sur ses paroissiens chaque dimanche mais aussi, probablement, dans quasiment toutes les paroisses réformées de l’époque. Je ne dirais pas « paurets » parce que c’est probablement ce qu’ils souhaitaient entendre et ils auraient peut-être trouvé bien permissives les prédications de notre temps… Je reste quand même avec la dernière, intitulée « le premier et le dernier », qui a titillé comme un rappel la certitude que, « il n’y aura pas de fin pour celui qui à qui Tu as dit : je suis la fin »… Le paquebot « Bersier » c’était un navire de guerre. Et me voilà embarquée depuis ce matin sur le paquebot « Babut »… C’est déjà beaucoup plus « croisière » et j’y ai même trouvé le fil rouge de ma prochaine prédication. J’aime ces « vieux » livres. Vous en trouvez quelques extraits dans le rubrique « Du vieux levain, on fait du pain ». Quoi, vous n’êtes pas abonnés au Cep? 12 magnifiques magazines quadrichromes pour seulement 35 Euros par an. Dommage…

 

Au fait, connaissez-vous le site qui offre en lecture des dizaines de livres protestants rentrés dans le domaine public ? Je ne pense pas vous l’avoir déjà partagé avec vous. Le voici : http://epelorient.free.fr/ et dans la foulée, un autre qui annonce à ce jour : 54800 livres et des tas de méditations, commentaires etc. le tout, certes, un peu « daté » puisque rentré dans le domaine public, mais il m’arrive d’y aller faire une recherche (attention quand même, les découvertes les plus récentes, les thèses et hypothèses de tous les chercheurs théologiens de tout poil en études historico-critiques en sont absentes, et pour cause !), donc, voici le site : http://www.regard.eu.org/BIBLIOTHEQUE.CHRETIENNE.html

 

Sapristi ! Je voulais partager le site des livres (le voici : http://www.regard.eu.org/Predic-livres.complets/Auteurs.html) et je trouve à la rubrique « Charles Wagner » deux livres que je n’ai pas encore lus. Vous savez que je suis une inconditionnelle des méditations qu’il nous offre. Loué soit Dieu ! Et voilà ! Un des livres n’est plus disponible mais l’autre, copié-collé aussi sec, fera mes délices très prochainement.

 

Au fait, j’ai des dizaines et des dizaines de livres téléchargés dans ma bibliothèque personnelle, même la Septante, c’est dire ! Si le cœur vous en dit, il suffit d’une clé USB d’au moins 5 Gigas et vous les aurez aussi chez vous. Idem pour mon dossier de recherches et d’études (clé de 2 Gigas)…

Alors, n’hésitez pas, faites comme moi, promenez-vous de liens en liens parmi ceux qui ouvrent aux richesses du passé. Un livre sur une étagère avec vue « coté tranche » c’est un livre mort… et si, de plus, un peu de poussière prend ses aises sur la tranche, alors !

 

Chacun(e) de nous est pour le Seigneur livre ouvert… jamais il ne nous oublie sur l’étagère. Dieu merci !

 

Amitiés

 

Jo

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 13:28

« Allume le phare »

 

Le ciel est noir, la mer est noire, le vent souffle, il apporte des cris de détresse … Où sont les naufragés ? Comment s’élancer, dans une barque de sauvetage, vers tous les points de l’horizon à la fois ?

Calme-toi ! Allume le phare.

… En nettoyer minutieusement les verres, chaque jour, c’est de l’activité sociale. Si tu bondissais, dans l’obscurité, sur la crête des vagues, en quête des marins désespérés, tu te croirais en pleine action ? Tu agis avec plus de sûreté, avec plus d’efficacité, quand, seul, dans la lanterne du phare, tu enlèves du réflecteur un grain de poussière.

Wilfred Monod Silence et prière

 

 

« Uniformité ? »

Pourquoi rechercher l’uniformité, quand il s’agit de l’Evangile ? Cinquante personnes se placeraient en présence du Christ Jésus, avec humilité, avec foi, avec espérance, avec prière et, pour exprimer le résultat de leur contemplation, elles trouveraient une seule et unique formule ? Ce serait à désespérer de l’âme humaine. Le portail d’une cathédrale, ou les chutes du Niagara, inspirent cinquante formes admiratives à cinquante artistes différents, et le passage du Fils de Dieu dans l’histoire aboutirait, dans la conscience de cinquante chrétiens, à une seule définition de sa gloire ! Voilà qui diminuerait, singulièrement, celui qui domine tous les siècles de la tête.

Wilfred Monod Prière et Silence

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 15:39

je l'ai retrouvé ! la référence du site qui offre en scan des centaines de pages de vieux magazines féminins américains !!! Crochet, frivolité, dentelle, couture, une mine d'or !

 

La voici : http://www.georgiaseitz.com/public/publicindex.html

 

a vos fils mesdames et messieurs.

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 23:00

Journée d’exception pour le Consistoire Aude-Pyrénées Orientales

Nous étions quatre vingt, réunis au foyer de Maquens, près de Carcassonne le 2 juin dernier. Une grande salle colorée, décorée et festive s’offrait aux arrivants accueillis par nos amis Carcassonnais : café chaud, sourires et retrouvailles étaient au rendez-vous pour une rencontre spéciale : Bruno Gaudelet, le pasteur de Perpignan, Collioure et Amélie-les-Bains et président du Consistoire, rejoint l'église réformée de Neuilly-sur-Seine en juillet. Michel Jas, pasteur de Narbonne et Carcassonne prend la relève à la présidence du consistoire. Le programme de la journée s’annonce donc riche : culte où Bruno Gaudelet a prêché la résurrection, intervention lumineuse dans une ambiance recueillie et joyeuse à la fois, émotion avec Jean-Pierre, l’aumônier de la prison de Carcassonne, chants avec les musiciens, nombreux, joie avec le chahuteur de service à la guitare, repas-buffet bluffant au sanglier suscitant de joyeuses interpellations entre les participants, belle rétrospective audio-visuelle présentée par Pierre, interventions pour dire au pasteur Gaudelet combien nous avons apprécié son engagement sans faille, sa présence et ses innovations dans le Consistoire : Solid-Jeunes, le Parlement des Religions. Quelques cadeaux « d’ici » à emporter ou à consommer, modérément s’il vous plait… Le temps passe vite, trop vite et la pluie tombe fort, trop fort pour une visite guidée de la cité, pourtant annoncée « frissons garantis ». Journée de partage, d’émotions et de rires dans un décor spacieux : mission réussie pour nos hôtes carcassonnais. Merci Bruno, bon vent (mais y en a-t-il où tu t’en vas ?). Le nôtre souffle assez fort, il te poussera encore. Dis-leur, là-bas, dans le grand nord, que nous te laissons partir à regret. Mais, va, en Christ, nous les aimons quand même.

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 22:51

GASTON HENRY ET SOLIDARITE PROTESTANTE FRANCE ARMENIE

 «Ensemble unis, permettant la lecture

nous laissons à nous deux s’éveiller la culture…

Collaborer et mettre en commun ses talents

grandit plus qu’on ne croit chacun des éléments »

« L’encre et le papier » dans « Si les fables m’étaient contées ».

Une histoire de rencontres riches et fécondes : rencontres-savoir avec les enfants qu’il a enseignés dans son parcours d’instituteur, rencontres fraternelles avec les paroissiens de Narbonne où il est conseiller presbytéral, rencontres-passion avec La Fontaine, Esope, Florian et tous les écrivains qui lui ont inspiré ses fables, rencontres du cœur avec Solidarité Protestante France-Arménie et les Arméniens…

Gaston Henry et l’Arménie : un premier voyage touristique, humanitaire et œcuménique avec SPFA fait naître en lui une vocation : aider les jeunes qui se retrouvent dans des clubs organisés par l’association à parfaire leur français. Il emprunte aussi des chemins que les touristes ignorent, jusque dans le Haut Karabagh, où SPFA s’est vu confier la gestion humanitaire d’un village : Katchen. « Je vais en Arménie depuis plus de dix ans, 4 semaines, 2 fois par an, pour enseigner le français dans des clubs de jeunes ; pour eux je suis devenu « diadia » (grand-père). Je crois bien qu’ils m’ont adopté. Ils ont même traduit certaines de mes fables et nous avons fait un livret bilingue illustré vendu auprès de touristes. Une magnifique chaine stéréo trône maintenant dans le club et elle ne chôme pas ! J’ai aussi pu aller jusqu’à Katchen, d’accès plus difficile où la vie est plus dure encore qu’en Arménie. Là, SPFA développe d’ingénieuses et inventives méthodes d’entraide ».

Les projets en cours de SPFA : parrainages d’enfants, rénovation d’école, centres de soins dentaires, repas et douches pour les personnes âgées, création de groupes musicaux ou de club de couture, installation de réseau d’eau, de maternelles, micro-crédits… la collaboration fructueuse de plusieurs associations remet sur pied, pas à pas, un pays dévasté après une guerre et un tremblement de terre. « A Katchen, pas d’assistanat mais la volonté de responsabiliser chacun : achat de vaches (dons récoltés par les jeunes des écoles bibliques en France) pour les familles les plus démunies ; elles donneront le premier veau à SPFA qui le confiera à une autre famille ; achat de moutons, de poules, de porcs ; achat de ruches pour les enfants de l’école qui sont formés pour leur gestion : désormais, tous les enfants du village, même ceux qui ne sont pas scolarisés, disposent d’un petit déjeuner copieux, au miel, et avec le surplus vendu de matériel scolaire. Peut-être certains deviendront-ils apiculteurs ?

Que souhaiteriez-vous partager avec les lecteurs du Cep ? « Je garde précieusement une phrase glanée dans une conversation : « On ne vous demande rien si ce n’est de venir nous voir ». Pourquoi ne pas commencer par une visite sur le site de SPFA : http://www.spfa-armenie.org/ et qui sait : l’envie vous prendra de marcher sur les traces de tous ceux qui ont déjà fait le chemin jusqu’à l’Arménie ; ce n’est pas le terminus, mais une porte ouverte sur toutes les rencontres qui vous attendent là-bas.

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